
Le texte de loi portant réorganisation du Conseil national de la presse (CNP), adopté mercredi 24 décembre 2025 à la Chambre des conseillers, continue de secouer le landerneau médiatique national. Réagissant au vote de ce texte de loi dans un communiqué, malgré « la vive désapprobation » exprimée par les principales composantes de l’opposition et de la majorité des professionnels des médias, la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) dénonce « un coup dur au secteur de la presse et de l’édition, à la liberté de la presse et à son indépendance, ainsi qu’au principe de l’autorégulation du secteur ».
Dans le même communiqué, la FMEJ exprime son « soutien total » à l’initiative du Président de la Chambre des Conseillers de soumettre le projet de loi controversé à la Cour constitutionnelle. Voici in extenso la traduction du communiqué.
« La Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) reste engagée dans la lutte contre le projet visant à transformer la presse marocaine en un pouvoir subordonné.
La Chambre des Conseillers a porté, mercredi 24 décembre 2025, un coup dur au secteur de la presse et de l’édition, à la liberté de la presse et à son indépendance, ainsi qu’au principe de l’autorégulation du secteur, en adoptant, lors d’une session plénière boycottée par l’opposition, le projet de loi relatif à la réorganisation du Conseil national de la presse (CNP).
Le Bureau exécutif de la FMEJ a accueilli ce vote avec déception et crainte pour l’avenir de la profession. Il a noté que l’achèvement du processus d’adoption par la Chambre des Conseillers de cette loi néfaste représente un alignement du gouvernement et de la majorité parlementaire contre la liberté de la presse. Il est dirigé également contre la grande majorité du corps professionnel, des organisations des droits humains et de la société civile, ainsi que de deux institutions constitutionnelles de gouvernance, cinq précédents ministres de la communication et des organisations professionnelles internationales, et contre le processus démocratique dans notre pays.
Tout en rappelant l’ensemble de son plaidoyer et protestation durant trois années contre cette loi et sa version sur mesure, ainsi que toutes les initiatives conjointes dans lesquelles elle s’est engagée aux côtés de nombreuses organisations professionnelles de journalistes et d’éditeurs, ainsi qu’avec le tissu des organisations des droits humains et des associations de la société civile, la FMEJ réaffirme son attachement à toutes ses positions exprimées contre les décisions du gouvernement et de son ministre en charge du secteur. Elle dénonce également la politique de fuite en avant suivie par le ministre de la Communication avec une insistance sans précédent et une complicité étrange avec une seule organisation associative, devenue l’unique interlocuteur, au détriment de tous les représentants du corps journalistique au Maroc.
Tout en exprimant son indignation face à l’entêtement du ministre de tutelle, son refus constant du dialogue, son mépris de l’approche participative, son déni du rôle de la Chambre des Conseillers et des contenus et critiques de deux institutions constitutionnelles ainsi que son insistance à rejeter toute modification de la loi, la FMEJ salue les positions responsables et sérieuses des composantes de l’opposition à la Chambre des Conseillers. Elle salue les rôles joués par les groupes de l’Union Marocaine du Travail, du Mouvement Populaire, et du groupe socialiste-opposition ittihadie, le groupement de la Confédération Démocratique du Travail et les conseillers de l’Union Nationale du Travail au Maroc, en plus de l’interaction positive constante du président de la Commission de l’enseignement, des affaires culturelles et sociales.
Malheureusement, les groupes des trois partis de la majorité et leurs soutiens ont choisi de s’aligner aveuglément derrière le gouvernement et ont préféré faire partie de l’alliance de l’usurpation anticonstitutionnelle par l’hégémonie et le contrôle sur un organisme qui n’aura, désormais, plus rien à voir avec l’institution d’autorégulation et ne bénéficiera d’aucune confiance de la part du corps professionnel ou de la société.
Ce qui s’est passé constitue un épisode dans un terrible processus mené par le gouvernement pour transformer le secteur de la presse en une autorité subordonnée, où s’affrontent les uns les autres, et ce par la loi. Cela s’est clairement manifesté dans le scandale de la vidéo de la Commission de déontologie, qui n’a donné lieu à aucune suite, ainsi que dans l’exclusion de toutes les organisations professionnelles historiques, dans la confection sur mesure d’un système de soutien public, dans le ciblage de la presse régionale et des petites et moyennes entreprises, dans la complaisance générale avec la presse de diffamation, d’extorsion et de futilité, et dans l’instauration d’une logique de parti unique dans les médias marocains.
Aujourd’hui commence au Maroc la bataille des professionnels marocains et de tous les défenseurs des droits de l’homme pour la liberté de la presse, sa pluralité et l’indépendance de l’institution de l’autorégulation.
La FMEJ continuera de défendre ses positions de principe, comme elle l’a toujours fait, tout en s’engageant dans diverses initiatives visant à contrer ce plan funeste qui cible la liberté de la presse et la pluralité du paysage médiatique, dans le cadre d’un front national pour défendre l’indépendance de la profession et la dignité des journalistes.
La Fédération marocaine des éditeurs de journaux appelle, comme l’ont fait les composantes de l’opposition à la Chambre des Conseillers, à relever le défi en soutenant l’initiative du Président de la Chambre des Conseillers de soumettre le projet de loi à la Cour constitutionnelle, afin de distinguer le bon grain de l’ivraie quant au respect de ce texte de l’article 28 de la Constitution.
La Fédération aspire également à ce que toute personne sensée et soucieuse de l’intérêt du Maroc et de son image démocratique intervienne pour sauver l’avenir du secteur de la presse et de l’édition dans notre pays, ainsi que pour préserver l’image du Royaume et son processus démocratique historique ».
Le bureau exécutif





