
Par: Mohamed KHOUKHCHANI

Entre désaffection militante et crise d’identité, le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) vit une phase d’érosion qui inquiète jusqu’à ses plus anciens compagnons.
« Si on réunissait tous ceux qui ont quitté le PPS, nous serions la première force nationale en quantité et en qualité. » — Lotfi Akalay
Une hémorragie silencieuse mais persistante
La phrase de Lotfi Akalay, écrite il y a des années, résonne aujourd’hui avec une troublante actualité. Le Parti du Progrès et du Socialisme, héritier du mouvement communiste marocain, semble perdre, mois après mois, une part de son âme et de sa base militante.
Les départs se multiplient, souvent discrets, parfois bruyants, traduisant un malaise profond : un parti autrefois porteur d’idéal social et progressiste ne parvient plus à fédérer ni à inspirer les nouvelles générations.
Un parti en quête de sens
Depuis son repositionnement au centre-gauche, le PPS tente de concilier fidélité monarchique et engagement social. Une ligne équilibrée sur le papier, mais de plus en plus difficile à tenir dans la pratique.
Les militants reprochent à la direction actuelle un manque de clarté idéologique et une stratégie politique confuse, tiraillée entre soutien au gouvernement et volonté de préserver une identité d’opposition constructive.
Résultat : un discours devenu peu audible dans un paysage politique dominé par le pragmatisme et la communication populiste.
La déconnexion avec les jeunes et la société civile
Le renouvellement des élites internes demeure le principal défi. Les jeunes adhérents, souvent pleins d’énergie et d’idées, se heurtent à des structures figées, dominées par des figures installées depuis des décennies.
Cette fermeture relative a contribué à affaiblir le lien organique entre le parti et la société marocaine, notamment les classes populaires et les acteurs associatifs qui étaient jadis sa principale force.
Loyauté ou effacement ?
Le PPS a longtemps incarné la gauche réformatrice, loyale et responsable. Mais cette posture, qui lui a valu respect et crédibilité, semble aujourd’hui se retourner contre lui.
Sa loyauté constante envers les institutions est désormais perçue, à tort ou à raison, comme un effacement politique, voire un renoncement à la critique.
Dans un contexte où la confrontation politique attire davantage l’attention médiatique, le PPS paraît en retrait, presque invisible.
Refonder ou disparaître
Face à ce constat, deux options s’imposent : soit une refondation idéologique et organisationnelle courageuse, capable de rétablir la confiance des militants et de reconnecter le parti à la réalité sociale du Maroc d’aujourd’hui, soit la poursuite d’une lente érosion identitaire, jusqu’à devenir un simple vestige du passé glorieux de la gauche marocaine.
Le PPS, jadis creuset d’intellectuels et d’engagements sincères, se trouve donc à un tournant : celui où la mémoire ne suffit plus, et où l’action doit reprendre le relais.





