Larbi Essakali n’était pas que journaliste, ni éditeur, ni basketteur dans ses jeunes années ; il était plus que cela ; et c’est un homme que les générations nouvelles gagneraient à mieux connaître.
En 1962, il fut parmi les fondateurs de la télévision nationale marocaine et premier présentateur du journal télévisé en français ; mais aussi et surtout celui qui chapeautait pendant plusieurs années le département information de la télévision et la radio nationale en arabe classique et dialectal, français, anglais et espagnol.
Collaborateur également de grands groupes médias français, Radio Monte-Carlo, Radio Luxembourg, et des titres tels Le Monde, Libération ou l’Express, nos concitoyens prirent connaissance de l’indépendance de l’Algérie de sa bouche puisqu’il avait couvert la guerre d’Algérie ainsi que les accords d’Evian.
Un des premiers reporters marocains à l’étranger, en Chine en 1960 durant une période plus que complexe, celui qui assista à l’édification du mur de Berlin, à la libération du Congo belge et jusqu’à la guerre du Golan en 1973.
Le défunt est celui qui a enregistré le message de feu Hassan II qui démentit la réussite du coup d’Etat de 1971, message diffusé dans un premier temps sur France Inter puis à la radio marocaine une heure après.
Mais ce n’est pas que dans le champ politique que feu Essakali excellait, il a interviewé le gotha politico-artistique de l’époque: Kennedy, Kroutchev, De Gaulle, Pompidou, Tito, Soekarno, Jacques Brel, Nat King Cool, Serge Reggiani et Charles Aznavour.
Le touche-à-tout était aussi l’artisan du premier spectacle d’Oum Kelthoum retransmis en direct à la télévision marocaine, sans parler de sa relation avec nos artistes nationaux Abdelwahab Doukkali, Abdelhadi Belkhayat, Maâti Belkacem, Ismaël Ahmed, Bahija Idriss et Latifa Amal.
Après avoir quitté prématurément le journalisme, il se consacra à l’édition nous laissant des bijoux tels « Le Mémorial du Maroc » en huit volumes ; et malgré l’absence de statut administratif conséquent ni retraite gratifiante, Larbi Essakali a toujours gardé le sourire, puisque c’était un homme de cœur et dont la fin ne pouvait venir que du cœur.