
Par: Lahcen HADDAD

Dans le débat complexe sur l’avenir du Sahara occidental, un courant idéologique profondément inquiétant est rarement examiné : la position qui cherche à isoler, infantiliser et exploiter la région à des fins politiques. Cette position – que j’appelle primitivisme militant – n’est pas née de la justice ou du développement, mais de la préservation de la souffrance comme moyen de pression.
Ceux qui réclament le plus haut et le plus fort la « libération » du Sahara sont souvent les mêmes qui s’opposent aux investissements, au tourisme, aux échanges culturels ou aux accords internationaux dans la région. Pourquoi ? Parce que le progrès sape le discours victimaire qui justifie leur activisme et sous-tend leur financement. La croissance économique, l’intégration régionale et la création d’emplois ne sont pas à leur ordre du jour ; la stagnation, si.
Ils ne veulent pas d’investisseurs à Dakhla ou à Laâyoune. Ils rejettent les cinéastes et les journalistes qui montrent un Sahara moderne, pacifique et ouvert sur le monde. Ils protestent contre les entreprises étrangères qui créent des emplois ou les autorités locales qui construisent des écoles. Pour eux, toute amélioration est une menace : car leur cause n’est pas la justice, c’est du chantage politique.
Il s’agit d’un primitivisme militant : une doctrine qui exige le sous-développement pour préserver son utilité idéologique. Le Sahara, selon elle, doit être un espace de privation, de griefs et de désespoir, non pas parce qu’il l’est, mais parce qu’il doit le paraître.
Ils citent le droit international hors de son contexte, ignorant le fait que l’ONU ne reconnaît aucune « République sahraouie » et n’a jamais appelé à l’indépendance, mais plutôt à une solution négociée et mutuellement acceptable.
Pendant ce temps, le Maroc continue d’investir massivement dans ses provinces du sud : ports, énergies renouvelables, universités, hôpitaux… Le Sahara marocain affiche des indicateurs de développement humain parmi les plus élevés du pays. C’est une terre d’espoir et de dynamisme.
Et c’est ce que craignent le plus les militants : que le Sahara prospère et que leur lutte devienne sans importance.
Cette forme d’instrumentalisation n’est pas nouvelle. Elle reflète la logique de certains idéologues postcoloniaux pour qui la souffrance et la pauvreté sont des conditions préalables à la pureté révolutionnaire. Mais cette logique a échoué – partout. Et au Sahara, elle constitue déjà une menace réelle.
La véritable voix sahraouie ne s’entend pas dans les cafés parisiens ni dans les salons d’Alger. Elle s’entend dans les salles de classe de Laâyoune, dans les centrales solaires de Boujdour, dans les ports de pêche de Dakhla et dans les urnes. Ce ne sont pas des voix de victimes, ce sont des voix de citoyens.
Quiconque prétend se soucier du Sahara doit se soucier de son peuple. Cela signifie dire oui au développement, oui à l’investissement, oui à la dignité par l’égalité des chances.
Le primitivisme militant n’offre qu’une stagnation permanente au service du spectacle politique. Il est temps de le rejeter et de le remplacer par une vision fondée sur le progrès, la justice et une véritable autonomisation.





