
Par: Zakia Laaroussi

Dans le théâtre feutré de la politique internationale, certaines nominations peuvent paraître anodines pour l’observateur distrait, mais elles résonnent avec la puissance d’un séisme silencieux dans les cercles initiés. Ainsi en est-il de l’annonce récente faite par le président Donald Trump : Marco Rubio, figure montante du Parti républicain, accède au poste hautement stratégique de conseiller à la sécurité nationale, en remplacement de Mike Waltz, désigné pour porter désormais la voix américaine aux Nations Unies.
Ce changement d’apparence strictement domestique s’inscrit, en réalité, dans une trame géopolitique plus large, où les enjeux de souveraineté, d’accès aux ressources et d’alliances durables dessinent une nouvelle cartographie de l’influence américaine. Et au cœur de cette recomposition subtile se profile une cause que le Maroc porte avec constance et résolution : celle de son intégrité territoriale.
Marco Rubio n’est pas un nom surgissant du néant. Il incarne une droite américaine musclée, attachée à la lutte contre l’expansionnisme iranien, à la promotion des régimes stables et à la défense d’un ordre international arrimé aux intérêts stratégiques de Washington. Son entrée dans le cénacle décisionnel de la Maison Blanche intervient à un moment où les rapports de force s’intensifient autour des chaînes d’approvisionnement critiques — énergie, métaux rares — domaines dans lesquels le Maroc émerge comme un partenaire incontournable.
Le départ de Mike Waltz, précipité par une fuite d’informations classifiées via l’application Signal, a révélé les failles des dispositifs de sécurité interne au sein de l’exécutif américain. Pourtant, sa réaffectation à l’ONU n’est pas une disgrâce, mais plutôt le signe d’une redistribution réfléchie des rôles, orchestrée pour mieux aligner les postes de commandement sur la nouvelle orientation stratégique du président Trump. Une orientation où le Maroc, pays stable, allié fidèle, semble gagner en centralité.
L’aspect le plus saisissant de cette nomination réside dans sa coïncidence avec l’élan que connaît actuellement la question du Sahara marocain sur la scène internationale. La présence d’un homme tel que Rubio — dont les affinités avec les cercles conservateurs pro-marocains sont connues — à la tête du Conseil national de sécurité, pourrait inaugurer une ère de soutien plus explicite, plus assumé, en faveur de la marocanité du Sahara.
Alors, s’agit-il d’une simple conjoncture favorable ou d’un alignement quasi cosmique des intérêts ? La question reste ouverte, mais la portée symbolique de cette nomination ne saurait être minimisée. Dans les arcanes de Washington, chaque mouvement de pièce redistribue les équilibres mondiaux. Et cette fois, c’est peut-être Rabat qui récolte les dividendes d’un repositionnement américain aux résonances historiques.
Le destin, parfois, s’écrit dans les silences d’une nomination. Celle de Marco Rubio ne déroge pas à la règle : derrière les formules officielles, elle chuchote une vérité plus profonde — celle d’un Maroc solidement ancré dans ses droits, soutenu, à bas bruit, par les forces gravitationnelles de la diplomatie mondiale.








