Aziz DAOUDA nous livre ici une réflexion sur les contradictions de la démocratie. Censée donner le pouvoir au peuple, promouvoir le vivre ensemble, elle « nous livre les mains liées aux plus médiocres parmi nous, aux plus affamés, aux plus assoiffés de sang », déplore-t-il à juste titre.
Ce qu’il se passe actuellement au Proche-Orient, en Palestine particulièrement, est l’illustration la plus affligeante du despotisme de la démocratie. La DEMON-CRATIE, pour reprendre un terme cher à cette (belle!) époque de sang et… de larmes…
Avec l’aimable accord de son auteur, lecollimateur.ma reprend in extenso son article paru ce matin sur la plateforme numérique bluwr.com.
*Par Aziz DAOUDA
Les peuples ont toujours aspiré à la liberté et à la prospérité. Ils ont toujours voulu vivre de leur labeur. Leur plaisir est de voir leurs progénitures jouer, apprendre, prospérer. Les peuples ont toujours voulu la paix comme mode de vie. Le vivre en paix… tout un concept, une chimère.
Hélas! Il n’en n’a jamais complètement été ainsi sinon à des moments brefs, précieux et rares que l’histoire ne put retenir, sauf à oublier qu’ils restent exceptionnels, qu’ils étaient brefs, voire éphémères.
Les peuples ont toujours cherché à ne pas être exploités par qui que ce soit, alors qu’ils ont toujours tendance à vouloir exploiter l’autre, parfois en le déshumanisant avec une férocité incommensurable, un sadisme nauséabond.
En fait, les peuples, ce sont des ensembles d’humains avec des traits communs. Les peuples se constituent dans le temps et coalisent autour d’intérêts communs en fait d’intérêts de chacun.
Pour se défendre et défendre ses intérêts, l’homme ne peut que vivre en communauté parmi un peuple. Seul il est faible et vulnérable alors il se confond dans son peuple et s’y noie.
L’homme aspire à la liberté pour lui et à la paix pour lui, l’humain se dit avoir des valeurs quand cela l’arrange mais l’humanité n’en a que faire, son prisme de vue est différent. Le cours de l’histoire le démontre ainsi hélas.
Un jour l’humanité s’essaya et imagina une façon d’aspirer à cette liberté de vivre en harmonie pour tous: Elle tentera alors de faire participer tout le monde à la décision. L’homme eut l’impression qu’il est ainsi maître de son destin… Il se croira ainsi participer à la vie politique et peser sur l’avenir.
Pas mieux qu’un mot à étymologie grecque pour faire sérieux et crédible: Démocratie.
Cela sonne très bien.
Oui La démocratie est là en principe pour nous libérer et faire entendre notre parole, concrétiser nos désirs et répondre à notre besoin de vivre en paix, de vivre ensemble, de respecter l’autre dans sa dimension humaine, de nous limiter à nos droits sans empiéter sur ceux de l’autre et des autres.
La démocratie est en quelque sorte un garde-fou… pour chacun et tous, du moins c’est ainsi qu’elle fut peut-être imaginée et conçue.
Elle nous permet, en théorie j’entends, de nous exprimer, de nous défendre et de faire valoir nos droits, des plus élémentaires au plus sophistiqués.
La démocratie nous est vendue comme le seul, l’unique modèle pour la prospérité des peuples et leur bien-être moral et matériel.
La démocratie nous fait miroiter au loin des droits universels, des droits de l’homme là où il est, tel qu’il est, partout où il est. Il est l’HOMME, pivot de l’histoire et de l’humanité, axe central de l’existence.
Or voilà que la démocratie nous joue un sale tour, celui de nous livrer les mains liées aux plus médiocres parmi nous, aux plus féroces, aux plus affamés, aux plus assoiffés de sang; à ceux qui jubilent quand se creusent des tombes, quand dégouline du sang, quand crie un enfant et pleure une femme, quand s’écrase une église, tombe une mosquée, brûle une synagogue.
Revers de la médaille
Je suis né dans un moment de paix, l’un des rares, quelques années seulement après une guerre cruelle que l’Occident appela mondiale, alors que c’était juste entre européens au début qu’ils se sont entretués. Ils y associeront de pauvres africains pour des besoins de chair à canon, pour ensuite y entraîner asiatiques et américains.
La cruauté absolue des années durant.
Des millions d’innocents précipités sous terre.
La pause sera de courte durée. Sans perdre de temps l’humanité va connaître la guerre de Corée, celle du Vietnam, celle de l’Irak, celle des Malouines, plein de guéguerres en Afrique et j’en oublie… Les instigateurs et auteurs étant toujours les mêmes, le même profil: des élus de la démocratie.
A chaque fois, c’est le bien contre le mal… A chaque fois la démocratie y est mêlée à tort ou à raison. Le monde démocratique contre l’autre… Un monde démocratique qui se définit lui-même dans un contentement absolu, total, intégral, avec le deux poids deux mesures comme seule alternative de « raisonnement » et de « jugement » aussi, éliminant à volonté tous les autres de la case du bien.
Sur La case du bien il y a écrit: Réservée
A chaque fois, génocide, à chaque fois cruauté, à chaque fois souffrance, à chaque fois déshumanisation et devant l’impuissance de l’homme qui lui ne veut que vivre en paix parmi son peuple.
Quant à l’humanité, a-t-elle un jour existé. Existera-t-elle un jour…
Vous l’avez compris, je ne veux pas parler de Palestine, la blessure est encore vive et les criminels encore en vie.
*Directeur Technique et du Développement de la Confédération Africaine d’Athlétisme