CARNETS DE VOYAGE. PÉRIPLE DE PAIX EN MÉDITERRANÉE. SICILE: DES ANGES AU PIED DE LA VALLÉE DES TEMPLES!!!

Réputée pour sa «Maffia», réseau d’associations secrètes siciliennes très puissant, qui dirigea le pays par le racket et l’omerta (loi du silence), Agrigente, ville d’Italie d’environ 60.000 habitants, située en Sicile, a su, grâce au courage de sa société civile, faire front à tous ses démons. Fondée par les Grecs en 541 av.J.C, Agrigente, qui devint «Agrigentum» après sa conquête par les Romains, veut renouer avec son rayonnement d’antan.

Les traces de son prestigieux passé grec sont encore là: la Vallée des temples avec les magnifiques vestiges de la colonie grecque et la colline rocheuse où fut construite la cité médiévale. Au beau milieu de la Vallée, le temple de Selinunte, qui rappelle curieusement celui de l’Acropole (Athènes), est la destination incontournable de tout visiteur. Tout comme les autres temples dédiés à Zeus, Heraclès, Concorde et Héra.

Forte de son héritage greco-romain, qui fit d’elle un symbole de prospérité, Agrigente a donné naissance à une élite des plus éclairées. Nous l’avons pu constater et vérifier auprès des représentants de cette élite, notamment les écrivains, des membres de l’ONG «Médecins sans frontières» (MSF), du principal parti de gauche, «L’Olivier», en présence de confrères du prestigieux quotidien romain d’inspiration social-libérale «La Reppublika»… Nos hôtes nous ont assuré à l’envi de leur infaillible engagement contre la «BERLUSCONNERIE» endémique, allusion ici faite à la montée en puissance de la politique antisociale et impopulaire de Berlusconi, qui s’était aligné aveuglément sur la guerre anglo-américaine en Irak (2003).

«En Italie, nous avons été nombreux à penser que cette guerre, déclarée au nom de la liberté et de la démocratie, n’avait d’autre visée que le pétrole irakien», dénonce une amie italienne de « Médecins sans frontières », sous le regard approbateur de son époux, directeur général à la « Banca Nuova ».

Ce sentiment de rejet de la guerre, nos amis italiens l’avaient exprimé avec force, à la veille de l’invasion de l’Irak le 20 mars 2003 par les troupes du président américain George.W Bush et son homologue britannique Tony Blair, avec le consentement du Cavaliere et néanmoins champion des soirées bunga bunga, de la même manière que l’aura été son ami Mouammar Kadhafi.

En plus de leur pacifisme, nos hôtes italiens ont marqué leur vif mécontentement de la politique «xénophobe» du gouvernement Berlusconi. Sociologues, médecins et autres acteurs de la vie associative menaient campagne auprès des autorités de la Sicile pour régulariser la situation de dizaines de migrants clandestins, issus essentiellement du Maghreb.

«Ces rivages qui nous ont tant séparés doivent nous rapprocher», plaide cet intervenant sicilien lors d’une rencontre organisée, au lendemain de notre arrivée à Agrigente, sous le thème: «Poètes et politiques».

Depuis son arrivée à la tête du pouvoir, Berlusconi a montré une sensibilité prononcée pour les idées racistes de Franco Fini (extrême-droite), rendant ainsi la vie dure aux immigrés, clandestins et légaux compris. Plusieurs Maghrébins, que nous avions rencontrés, ont d’ailleurs affirmé n’avoir dû leur «salut» qu’à l’aide du tissu associatif. A preuve, l’état de ce jeune compatriote marocain frustré de ne pas avoir pu décrocher une autorisation pour ouvrir un magasin de vente d’objets artisanaux.

«Seuls des Italiens sont autorisés à devenir propriétaires», lui a asséné un conseiller municipal d’obédience extrémiste.

«Le principe d’égalité ne s’applique qu’aux Italiens, quant à nous autres immigrés, quand bien même nous serions régularisés, nous continuerons à être traités comme des pestiférés», s’insurge-t-il.

Notre interlocuteur précise toutefois ne vouloir s’en prendre qu’à la politique politicienne. «Le peuple italien, lui, est extrêmement convivial, tolérant et attachant», témoigne-t-il. À juste titre…

Au moment où nous nous promenions dans les ruelles étroites et fleuries d’Agrigente, quelle n’a été notre surprise de voir des Siciliens se joindre spontanément à nous pour partager, jusqu’au lever du jour, des moments de fête inoubliables. «Avec les Italiens, le courant passe très vite», constate mon ami Bogdan, issu du Monténégro.

Durant notre promenade, accompagnés de Maghrébins de Sicile, nous avons pu admirer les mystérieuses ruelles d’Agrigente, notamment le Grand Escalier, reliant le port au centre-ville. La Corniche, qui donnait sur la Méditerranée, connaît le grand rush le soir. A une heure tardive de la nuit, certains peuvent même se permettre une baignade… en tenue d’Adam!!!

Un indiscret paparazzo, planqué derrière un arbrisseau, a d’ailleurs été surpris en train de prendre des photos du commun des baigneurs, dont des amis.

Excuses faites, il sera relâché…

Retour à pied au port d’Agrigente. A 3 heures du matin, les Italiens étaient encore là. J’ai réalisé à quel point ils aimaient la vie… tenaient à leur légendaire élégance…

Les Italiens sont en effet très chics. Dans les ruelles, on pouvait aisément croiser des couples vêtus comme des mariés!!!

Récapitulons: hospitalité, dynamisme de la société civile, beauté mythique de l’île, élégance et savoir-vivre…  autant d’atouts qui ont beaucoup marqué l’étape italienne de notre périple.

Le 13 juillet, au soir, le navire de guerre lève les amarres. Destination: Kotor, au Monténégro.