Alors que Rabat accueillait hier dimanche 5 mars le plus haut gradé des Etats-Unis et le principal conseiller militaire du président Joe Biden, le Général d’Armée, Mark Milley, 20e président des chefs d’Etat-Major interarmées des Etats-Unis, Alger recevait la visite de la sous-Secrétaire américaine au contrôle des armements et à la sécurité internationale, l’ambassadrice Bonnie D. Jenkins.
Le timing, vous en conviendrez, n’est pas fortuit, pas plus d’ailleurs que les messages délivrés de part et d’autre. « Le Maroc est un grand allié des Etats-Unis », salue le Général d’Armée Mark Milley, connu pour son franc-parler. « Je veux être clair ; je veux être sans ambiguïté. Je veux être clair avec ceux qui tentent de s’opposer aux États-Unis. Je veux être clair avec ceux qui veulent nous faire du mal. Je veux être clair avec ceux, qui, à travers le monde, veulent détruire notre mode de vie, nos ALLIES, nos amis. Avec l’armée des États-Unis – en dépit de tous nos défis, en dépit de notre tempo opérationnel, en dépit de tout ce que nous avons fait -, nous allons vous stopper et nous allons vous battre plus durement que vous ne l’avez jamais été auparavant », avait martelé le Général Milley le 4 octobre 2016, du temps où il était encore chef d’Etat-Major de l’Armée de terre des Etats-Unis.
Décryptons: la sécurité du Maroc, « partenaire et grand allié des Etats-Unis » selon les termes de Marlk Miller, est une ligne rouge. L’avertissement est à peine voilé, l’axe Téhéran-Alger est bel et bien dans le viseur des Etats-Unis.
Venant d’Israël, après une visite inopinée dans une base américaine du nord-est de la Syrie, le Général d’armée américain sait mieux que quiconque la menace que fait peser le régime des Mollahs d’Iran sur la stabilité du Royaume du Maroc, pour rester uniquement dans la sphère nord-africaine. Sa visite au Maroc intervient d’ailleurs sur fond de multiplication d’alertes médiatiques aux USA contre une éventuelle livraison par Téhéran de drones à la milice séparatiste à la solde du régime militaire algérien. « Des drones iraniens sont déployés en Afrique du Nord, menaçant directement le Maroc », avait en effet prévenu le chroniqueur américain Llewellyn King, dans un article paru le 25 février 2023 dans le « Boston Herald », sous ce titre: « L’Iran mène la course aux armements de drones au Moyen-Orient ». L’auteur de « White House Chronicle”, une émission hebdomadaire d’actualités et d’affaires publiques, diffusée sur PBS et SiriusXM Radio, rejoignait Ilan Berman, vice-président senior de l’American Foreign Policy Council, qui dans un article publié récemment dans le « New England DIARY », exhortait Israël à vendre au Maroc son « Iron Dome » (Dôme de fer), seul système défensif efficace contre les drones construits avec la technologie israélienne et assisté et financé par les États-Unis.
C’est dans ce contexte de menaces iraniennes sérieuses sur la sécurité du Maroc qu’intervient la visite du plus haut gradé de l’armée américaine. Cette visite envoie un message de fermeté aussi bien à l’Iran qu’à l’Algérie où, est-ce le fruit du hasard?, la sous-secrétaire américaine au contrôle des armements et à la sécurité internationale, l’ambassadrice Bonnie D. Jenkins, effectue une visite du 5 au 9 mars courant.
Les allégations colportées par les médias algériens sur le déplacement de la sous-secrétaire américaine au contrôle des armements et à la sécurité internationale à Alger, sont tout sauf véridiques. Mme Bonnie D. Jenkins n’a pas fait ce déplacement chez l’allié algérien de la Russie et de l’Iran pour « discuter de questions d’intérêt commun, notamment les efforts visant à approfondir la coopération bilatérale en matière de sécurité afin de relever les défis communs en matière de sécurité régionale ». Le déplacement de la diplomate US à Alger a un autre objectif que celui claironné par les médias officiels algériens. La junte algérienne a bel et bien été sommée de cesser toute transaction avec Téhéran et son bras armé le Hezbollah, dont l’implication dans l’entraînement militaire des séparatistes du « polisario » n’est plus à démontrer. C’est la raison pour laquelle le Maroc avait d’ailleurs rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran le 1er Mai 2018.