Les annonces faites le 1er Mai 2022 par le gouvernement Akhannouch, à l’issue de tractations marathon avec ses partenaires sociaux autour de la hausse du Salaire minimum, sont mises à rude épreuve par la flambée inédite des prix à la consommation.
À se demander ce que pourrait bien faire une revalorisation du salaire minimum à 3500 dirhams dans le public, une hausse de 10% du salaire minimum (2.638 dirhams actuellement dans les secteur de l’industrie, du commerce et des services), à la lumière de la flambée mercuriale des prix des carburants répercutée sur les prix des produits de première nécessité.
Les prix à la consommation (3,3% pour janvier et février 2022) vont continuer à grimper à des niveaux supérieurs à la moyenne de la dernière décennie. Ce qui risquerait de compromettre sérieusement les engagements d’Aziz Akhannouch, chef du gouvernement et du RNI, parti vainqueur du dernier triple scrutin (législatives, régionales et communales).
Le malaise social est bien là et ce serait faire preuve de cécité que de ne pas le regarder en face, ou de l’imputer (seulement) à la conjoncture internationale difficile (retombées de la covid-19 et du conflit russo-ukrainien).
Force est de constater que le social a été le parent pauvre des programmes des gouvernements qui se sont succédé durant ces vingt dernières années. Le salaire minimum n’a pas substantiellement évolué face au renchérissement continu de la vie. Il devait se situer autour de 6000 dirhams, comme des études l’avaient recommandé il y a maintenant deux décennies. Mais cette recommandation n’a jamais été prise au sérieux!
Aujourd’hui, la hausse continue des prix du gazole et de l’essence aggrave davantage la situation et, à moins de décisions politiques courageuses, le malaise social continuera de s’exacerber. Le gouvernement Akhannouch n’a pas d’autre choix que de prendre son courage par les cornes et remédier en toute urgence à l’aggravation de ce malaise. La crise impose nécessairement des mesures drastiques pour réduire le budget de fonctionnement des départements ministériels, – il est indécent qu’en plein crise, certains départements se permettent encore le luxe de renouveler leur parc automobile!-, pour juguler la corruption rampante (un trou de 50 milliards de dirhams par année!), rationaliser la politique d’aide publique (corréler l’obligation de moyens à l’obligation de résultats), faire preuve de fermeté envers les fonctionnaires-fantômes…
Bien sûr, la liste des dysfonctionnements chroniques est loin d’être exhaustive. Mais la conjoncture impose aujourd’hui plus que jamais d’y remédier. Il y va de « l’État social », cheval de campagne du gouvernement Akhannouch.
La répartition équitable des richesses ne doit pas rester un vain mot. Pas plus d’ailleurs que la création des richesses. Le gouvernement « des libéraux » est vivement attendu sur ce terrain de l’investissement pour créer de la valeur, mais les efforts jusqu’ici déployés restent en-deça des attentes. Les discours doivent être suivis d’actes significatifs.
L’espoir ne peut plus attendre.