ÉDITO. LA COALITION ANTI-DAECH MET EN ÉVIDENCE LE NEXUS ENTRE TERRORISME ET SÉPARATISME.

Il n’y a pas de bon remède sans bon diagnostic. Le diagnostic établi par la Coalition mondiale contre Daech, qui a tenu hier mercredi 11 mai sa première réunion ministérielle au Maroc et en Afrique, est sans appel. Dans son communiqué final, la Coalition a mis en évidence ce rapport consubstantiel entre terrorisme et séparatisme. « Les participants ont relevé l’existence du nexus entre mouvements séparatistes et mouvements terroristes agissant en collusion, en instrumentalisant les vulnérabilités existantes d’une manière à démultiplier leur impact déstabilisant », peut-on en effet lire dans le communiqué.

Les faits sont parlants. Mais il faut de l’audace pour en parler, mettre les mots aux maux, pour reprendre une expression consacrée. Et puisqu’il s’agit de faits, il ne faut pas aller loin pour les chercher, pour en trouver. Il suffit de regarder vers la région sahélo-saharienne, devenue le nouvel épicentre du terrorisme international. Et ce n’est surtout pas un hasard si, depuis 2015, est venue s’installer dans ce nouvel « axe de la mort » une organisation terroriste qui détient la palme des palmes de la terreur. Tenez, l’État islamique au Grand Sahara (EIGS).

Et comme par hasard, c’est un ancien élément des milices séparatistes armées du « polisario » qui a pris les commandes de l’antenne sahélo-saharienne de Daech. Adnan Abou Walid al-Sahraoui qui a été donné mort le 16 février 2022 dans une opération commando menée par l’armée française au nord du Mali, après avoir longtemps bénéficié de la couverture des services de renseignement algériens, parrain officiel du mouvement séparatiste du « polisario ».

Pas besoin d’être devin pour comprendre comment et pourquoi les camps de Lahmada/Tindouf sont devenus une pépinière pour les groupes jihadistes s‘activant dans la poudrière sahélo-saharienne. Et cela ne date pas de 2015, qui marque la naissance de l’EIGS. Al-Qaïda au Maghreb islamique, ancêtre du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC, Algérie), y avait trouvé un terrain propice pour l’enrôlement de jihadistes et ce, depuis son baptême de feu le 24 janvier 2007.

Les camps de Lahmada/Tindouf sont une plaque tournante du trafic d’armes. Et une partie de ces armes finit souvent entre les mains des terroristes. C’est l’Algérie qui arme le « polisario » et, par extension, certains groupes terroristes qui mettent la région à feu et à sang.

Voilà une autre triste évidence qu’on ne saurait passer à la trappe sans fausser le combat contre l’hydre terroriste. Mais gardons espoir, car une brèche salutaire vient d’être ouverte à Marrakech. Un sursaut de conscience quant aux implications de l’interdépendance entre terrorisme et séparatisme. « La prolifération des mouvements séparatistes en Afrique génère une déstabilisation et une vulnérabilité accrue des États africains, qui, en fin de compte, favorise Daech et d’autres organisations terroristes et extrémistes violentes », relève-t-on dans le communiqué final de la Coalition anti-Daech.

Autant dire que le défi est immense. D’où l’urgence de passer à l’acte sans tarder pour endiguer la propagation métastatique de l’horreur.