FRMF: faut-il glorifier l’échec?

Le football marocain a connu en 2019 de nombreuses désillusions à tous les étages démontrant ainsi que la stratégie de la pyramide inversée suivie depuis des décennies par la FRMF a lamentablement échoué. Admirez cette « hécatombe »: élimination de la sélection nationale A dès les 8è de finale de la CAN 2019, des U23 de la CAN 2019 et des JO 2020, des U17 de la CAN 2019, des U20 de la Coupe arabe 2019.

A la tête de ces « naufrages », ont trouve des entraîneurs étrangers comme Hervé Renard, Patrice Beaumelle, Marc Wotte et autres qui sont rémunérés à prix d’or. Sur un budget total de 826,5 millions de dirhams (82,6 milliards de centimes !!!) de la FRMF, la direction technique censée former les joueurs a bouffé plus de 250 millions de dirhams (25 milliards de centimes) pour rien.

Après cette débandade, les dirigeants de la FRMF ont trouvé la recette magique qu’ils emploient à chaque fois que les sélections nationales sont éliminées. La solution de facilité qui consiste à révoquer les membres de la direction technique (DTN) pour les remplacer par de nouvelles têtes!

Ainsi va notre football, d’un échec à un autre, avec une seule stratégie qui privilégie les résultats des sélections sur la formation de base en l’occurrence les clubs. Les dirigeants de la FRMF ont nommé récemment une kyrielle d’entraîneurs marocains et étrangers sous la houlette du nouveau DTN le Gallois Islan Roberts. Mais ils ont oublié l’essentiel en ne procédant pas à un changement radical de la stratégie suivie depuis des lustres et qui n’a donné que des désillusions. Pour ce faire, il faut s’asseoir à table et faire un bilan des décennies passées tout en ayant le courage de se réveiller de ce sommeil dogmatique de la certitude. Le recours aux joueurs professionnels évoluant en Europe a montré ses limites à moins que l’on considère la qualification à une compétition comme un exploit!

La citation de Pierre de Coubertin «l’important est de participer» ne valait d’abord que pour les jeux olympiques dans une époque où le sport n’avait pas la place qu’il a aujourd’hui dans le concert des nations.

Aujourd’hui, l’important est de gagner car dans les tablettes des performances on ne cite que les vainqueurs et on relègue les vaincus aux oubliettes de l’histoire.

Il faut révolutionner notre football et reconnaître que le recours aux joueurs professionnels est une hérésie qui tue toute ambition chez les joueurs des clubs locaux toutes catégories confondues. Un joueur de la ligue processionnelle comme celui des catégories de jeunes ne peut pas rêver de jouer dans une sélection nationale réservée exclusivement aux professionnels de l’étranger. Par définition, il est psychiquement affecté et du coup cela impactera ses performances et son talent. Autant dire qu’il faut commencer par le bas de la pyramide en consacrant des budgets (comme celui de la DTN) à la formation des jeunes dans les clubs. Une affectation budgétaire qui doit être règlementée aussi bien techniquement que financièrement afin que l’on ne retombe pas dans la gabegie qu’a connue la DTN durant quatre ans pour ne récolter que des déboires.

En parallèle, il faut avoir le courage de ne plus faire appel aux professionnels et de participer aux tournois régionaux et mondiaux avec les joueurs locaux issus de la ligue professionnelle mais aussi et surtout des sélections des catégories inférieures. Ce faisant, on ne va gagner ni la CAN, ni les jeux olympiques, ni arriver au dernier carré de la Coupe du monde.

Il ne faut pas s’étonner, outre mesure, car les professionnels comme Zyech, Amrabat, Saiss, Benatia et les autres n’ont pas fait mieux. Autant donner l’occasion aux joueurs locaux pour qu’ils aiguisent leurs talents et s’adaptent aux compétitions internationales comme le font d’autres sélections. Et qui sait? Ils pourront nous surprendre si la formation de base dans les clubs et dans les sélections inférieures suit dans les normes avec rigueur et professionnalisme. En tous les cas, on n’aura rien perdu, mais on a tout à gagner si l’on commence par la base pour alimenter la sélection nationale A et les sélections des jeunes. C’est pourtant le b.a.-ba de l’apprentissage dans tous les domaines scientifiques, intellectuels et sportifs.