« Opacité, nationalisme sourcilleux, place prépondérante de l’armée, un certain affairisme et surtout un discours antifrançais qui légitime le régime ». L’ex-ambassadeur de France à Alger Xavier Driencourt sonne la charge contre le régime algérien.

Voici un livre qui fera vaciller l’état-major général de l’armée algérienne, pour ne pas dire le palais présidentiel El Mouradia, qui n’est que la façade civile de l’oligarchie vert-kaki aux manettes depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962. Un essai détonant sur la relation franco-algérienne, truffé de secrets de coulisses, signé Xavier Driencourt, ambassadeur de la France à Alger pendant sept ans, de 2008 à 2012 puis de 2017 à 2020.

« L’Énigme algérienne » est le titre de ce livre-brûlot où, une fois n’est pas coutume, un diplomate s’exprime, à visage découvert, sur ce que « les Algériens eux-mêmes appellent le « système » ». « Je serais bien en peine de définir avec une totale précision un terme pour lequel on ne trouve en France aucun équivalent, admet M. Driencourt. Ce n’est ni une structure ni une organisation, c’est plutôt un mode de fonctionnement du pouvoir, volontiers qualifié, y compris par les officiels algériens, d’opaque ». Un système dont les fondamentaux resteraient inchangés depuis l’indépendance: « Opacité, nationalisme sourcilleux, place prépondérante de l’armée, un certain affairisme et surtout un discours antifrançais qui légitime le régime ».

Une francophobie savamment cultivée et entretenue par le régime algérien, qui fait de la France (et du Maroc, bien sûr!) un bouc-émissaire idéal pour justifier les plus retentissants fiascos de l’histoire de ses ratages. Une haine que les 400 généraux distillent même dans les livres dits d’histoire, voire les manuels scolaires, usant et abusant sciemment de la théorie fumeuse de l’ennemi extérieur.

Malgré le bourrage des crânes, cette idéologie de haine peine à passer auprès des Algériens. « La population algérienne n’a pas d’antipathie particulière pour la France. Chaque Algérien a un cousin, un oncle, un frère qui vit en France. Ils s’en sentent proches. Et ce quand bien même les livres d’histoire apprennent à chaque petit Algérien que la France est un ennemi. Les Algériens se rendent bien compte ensuite que les choses ne sont pas aussi binaires. Le pouvoir, lui, tire sa légitimité de cette histoire », explique M. Driencourt.

Le diplomate français ne s’en tient pas au diagnostic, il appelle aussi à des représailles contre le régime algérien jugeant l’attitude de la France jusqu’ici « timorée ». Face à cette hostilité, qui n’est pas celle d’un peuple algérien volontiers francophile, M. Driencourt propose d’envisager rien de moins que… « la refonte complète, pouvant aller jusqu’à la dénonciation, de l’accord franco-algérien du 28 décembre 1968, qui offre des règles de circulation privilégiées aux Algériens en France. Et ce pour une question de réciprocité », indique notre confrère « L’express ».

L’appel de Xavier Driencourt est partagé par nombre de diplomates français, comme le démontre cet autre livre sorti récemment sous le titre « Le Déclassement Français » par les Christian Chesnot et Georges Malbrunot. Des « confessions » recueillies auprès de diplomates français sur un régime algérien résolument hostile.