L’écrivain Fouad Laroui a présenté, jeudi à Rabat, son livre « Plaidoyer pour les Arabes », en présence d’un parterre d’intellectuels, de penseurs et de passionnés de lecture, à l’occasion d’une conférence organisée par l’Organisation du monde islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ICESCO).
« Pourquoi ce livre? Parce qu’il y a de quoi être excédé quand on est pris entre deux feux, tous les jours, depuis des décennies: d’un côté le racisme, l’ignorance et ceux qui confondent +Arabe+ et +isla-miste+; de l’autre, certains Arabes, qui leur facilitent la tâche, par leur esprit borné ou leur fanatisme religieux. La partie n’est pas simple – et les coups pleuvent des deux côtés, pour celui qui est pris, à son corps défendant, dans les feux croisés », lit-on dans l’avant-propos de cet essai de 304 pages, paru aux Editions Mialet Barrault.
« Plaidoyer pour les Arabes » est un essai militant en faveur de la réintégration de l’apport des penseurs arabes dans l’histoire de la pensée universelle. Il vise trois objectifs, à savoir dénoncer le rejet et la détestation auxquels les Arabes sont en butte quotidiennement, esquisser la voie d’une renaissance des Arabes par le rejet de la bigoterie et plaider pour l’intégration des Arabes dans l’Histoire universelle.
Pour Fouad Laroui, du VIIè au XIIIè siècle, la civilisation arabe a été en avance sur toutes les autres, innovant dans tous les domaines, soulignant que par ignorance, racisme ou ethnocentrisme, « ces avancées sont aujourd’hui niées ou minimisées ».
Ainsi, il s’est creusé « ce profond fossé entre l’Occident et les Arabes qui nourrit aujourd’hui la méfiance, le ressentiment et l’incompréhension réciproque ».
Dans ce plaidoyer vibrant et argumenté, Fouad Laroui tente de redonner à la civilisation arabe la place qui est la sienne, tout en demandant aux pays arabes de redevenir dignes de leur passé.
Alors que le continent européen est celui de l’ouverture, de la liberté d’expression de la curiosité intellectuelle, « il ne semble n’avoir jamais découvert les Arabes », constate l’auteur de ce livre dans un mot de circonstance, faisant savoir que le but de ce livre est de convaincre en Europe les responsables des programmes universitaires d’intégrer la science et la philosophie arabe dans l’enseignement.
De son côté, Sanae Ghaoui, Responsable de la chaire ICECSO à l’Université Ibn Tofail à Kénitra, a relevé que « Plaidoyer pour les Arabes » est un récit universel, sérieux et documenté remontant aux grandes sources qui ont alimenté la pensée de la renaissance occidentale, notamment Al Farabi, Ibn Sina, Averroès, Ibn Rochd et autres grandes figures de la culture qui ont fait avancer la pensée humaine.
« C’est cet héritage négligé et non reconnu que le livre de Fouad Laroui vient discuter et vient rétablir certaines vérités », a poursuivi la modératrice de cette rencontre, placée sous le thème « Penseurs internationaux invités de l’ICESCO », soutenant que Laroui rejoint ainsi les intellectuels qui n’ont cessé de proposer une lecture plus objective de l’histoire de l’humanité.
Économiste et romancier marocain, Fouad Laroui, connu pour son style d’écriture satirique, a publié son premier roman en 1996, suivi de plusieurs ouvrages.
Il a étudié au Maroc et intégré l’École nationale des ponts et chaussées (ENPC) de laquelle il sort ingénieur. En 1989, Laroui s’installe en Europe, notamment à York en Angleterre, où il obtient un doctorat en sciences économiques avant de regagner les Pays-Bas en 1998 pour devenir le chef d’une unité de recherches à l’Université d’Amsterdam. Il y enseigne la littérature française et marocaine, la culture et l’histoire arabes.