« Éric Zemmour, un outrage français », le nouveau livre du sociologue Driss Ajbali, vient de paraître au Maroc aux éditions « La Croisée des chemins ».
Publié simultanément par trois éditeurs différents et dans quatre pays, le Maroc et la France (La Croisée des chemins), la Tunisie (Nirvana) et l’Algérie (Frantz Fanon), l’ouvrage ose une analyse et un décryptage du phénomène Zemmour et de sa prodigieuse irruption dans l’arène électorale et politique française. En soi, cette édition commune des trois pays du Maghreb est une première.
Dans cet essai « coup de poing », L’auteur y tente « de revenir, année par année, événement, le plus souvent tragique, après événement, livre par livre, pour essayer de comprendre comment des minorités, de part et d’autre, ont préempté le débat français, pour le réduire quand ce n’est pas à coup de surenchères mémorielles et de concurrences victimaires, en une polémique sans fin dans une société où on ne vit plus côte à côte, mais ‘face à face’, le tout sur un fond de dérives, réelles, dans certaines parties du territoire français ».
L’ouvrage, de 570 pages (17 chapitres en plus d’une introduction et d’un épilogue), chevauche toutes les années 2000. Il décèle comment « dans une forme d’accompagnement à distance du lepénisme, de nombreux livres et autres essais ont balisé le chemin pour qu’en 2022, Éric Zemmour en vienne à tenter de passer de la réflexion à l’action ».
Pour Driss Ajbali, Éric Zemmour est « venu tard sur ces questions, depuis 2006 et pour être exact depuis 2008 ». Non seulement ce journaliste politique « a raflé la mise de tous les néo-réactionnaires mais, avec sa radicalité, il en est venu à littéralement centrer Marine Le Pen, devenue, pour le coup, une figure convenable », lit-on en quatrième de couverture.
Traitant des questions de la violence urbaine, de l’Islam institutionnel, du CCIF, des indigènes de la République et des livres de Zemmour, l’auteur déclare que « les responsabilités sont partagées » et qu’il s’agit, pour lui, dans cet ouvrage, d’être « sans concessions et de rendre à César ce qui est à César et à Omar ce qui est à Omar ».
L’auteur souligne qu’il est impossible de comprendre la dimension déroutante prise par ce polémiste sans revenir sur les circonstances qui, depuis vingt ans, ont préparé son avènement, faisant savoir que l’ambition de cet essai est de revenir chaque année, depuis 2000 jusqu’à 2017, année de l’élection d’Emmanuel Macron, et tenter d’identifier, dans une démarche du Petit Poucet, pierre par pierre, ou plutôt livre par livre, pour se frayer un chemin qui mène vers l’éclaircie.
Il s’agit aussi de comprendre comment un journaliste chevronné, amoureux de Jacques Bainville, de Jules Michelet, de Fernand Braudel, de Napoléon, a littéralement changé de métier pour devenir l’un des puissants idéologues organiques des réactionnaires français… avant de finir comme « un outrage français ».
Dans son avant-propos, Hubert Seillan, avocat au barreau de Paris et de l’éditeur, souligne que ce livre « n’est en aucun cas une forme de règlement de compte avec Éric Zemmour ». Il est une réponse, un engagement de la part de trois maisons d’édition du Maghreb qui ont choisi de comprendre l’histoire de la montée en puissance et la banalisation de cette rhétorique mortifère.
Sociologue de formation, Driss Ajbali a une longue expérience dans le domaine de l’immigration, la banlieue et la violence urbaine. Très actif dans le domaine associatif, M. Ajbali a été directeur d’un centre social et culturel durant une décennie, avant de rejoindre l’équipe de Catherine Trautmann en 1996 pour travailler sur le phénomène des voitures brulées. Il a présidé, pendant plusieurs années, le Comité d’action en faveur des immigrés, mis en place en France en 1952.
Membre durant deux mandats du CCDH, il est toujours membre du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) depuis 2008, M. Driss Ajbali est le médiateur de l’Agence marocaine de presse (MAP) depuis 2020.
Il a publié plusieurs ouvrages comme: « Violence et immigration », préfacé par Catherine Trautmann, ancienne ministre de la Culture, « Ben Laden n’est pas dans l’ascenseur »(2002), co-signé avec le journaliste Daniel Riot, sur la peur de l’immigré en Europe, et « Les figures de la presse marocaine », un galerie biographique de 270 journalistes marocains et marocaines qui ont marqué la scène médiatique nationale depuis 1959 à nos jours. Cet ouvrage se veut comme une contribution à « une étude sociologique » et « une typologie structurée » des hommes de la presse marocaine.