Le geste du berger du Haut Atlas doit donner matière à réfléchir aux préposés à la gestion du tourisme qui, malgré les moyens financiers dont ils disposent, peinent encore et toujours à trouver la bonne recette pour sortir ce secteur national vital du bourbier où il s’enlise depuis environ deux ans, en raison de la pandémie mais et surtout de l’absence de vision et… de stratégie.
Mohamed El Mekki, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a pu courtiser la gloire et donner de son pays une très belle image à l’international grâce à un geste de générosité, dirions-nous simple voire banal, mais ô combien sincère et spontané: une baguette de pain offerte à deux touristes françaises, Olivia et Charlie, qui le lui ont bien rendu.
« C’était improbable. On s’est levée tôt le matin. J’ai vu quelqu’un au loin. Il faisait un feu (…) Il a voulu nous offrir du pain. On a voulu payer mais il n’a pas voulu qu’on le paie. En quelques échanges, malgré la méfiance de départ, le feeling est passé« , s’était émue l’une des deux touristes, sur une vidéo devenue virale sur la centrifugeuse des réseaux sociaux.
D’illustre inconnu, Mohamed El Mekki, 35 ans, est devenu une star et, en guise de récompense, il s’est vu attribuer par le commun des internautes le statut de « citoyen avec rang d’ambassadeur ».
On regrettera tout de même l’indifférence avec laquelle le geste de ce parfait inconnu originaire d’un douar enclavé dans la région de Tilmi a été « accueilli » par les autorités « compétentes », à leur tête la tutelle du tourisme, l’Office national marocain du tourisme (ONMT), la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT)…
Avec Moha le berger, on est en droit de s’interroger sur l’utilité même des Mille et une études, enquêtes et autres campagnes publicitaires orchestrés aux frais du contribuable sans toutefois réaliser les résultats espérés pour le tourisme et pour tous ceux qui ont fait le choix d’en vivre.