Par Hassan Masiky*
Lorsqu’il s’agit de conclure un accord avec le Maroc, l’Espagne a un complexe. Madrid a hésité à renoncer à sa politique anti-marocaine, quelles qu’en soient les conséquences, et cette attitude obstinée peut conduire à un affrontement avec le Maroc.
Au cours des dernières semaines seulement, des organisations espagnoles ont parrainé des événements anti-marocains avec des diplomates algériens dans un certain nombre de villes espagnoles. En effet, Madrid a permis à l’ambassadeur d’Algérie à Madrid d’intensifier ses hostilités contre le Maroc. Dans le même temps, le gouvernement local des îles Canaries a donné 640 000 € à une organisation non gouvernementale travaillant avec la guérilla séparatiste du Polisario. Ces actions ne représentent rien de moins qu’une déclaration de guerre.
La provocation du gouverneur des îles Canaries montre de l’arrogance et de l’ignorance. Il convient de signaler au gouverneur Angel Víctor Torres que le Maroc peut faire chuter l’économie des îles comme il l’a fait pour la ville occupée de Sebta.
Le Premier ministre Sanchez veut améliorer les relations sans traiter l’éventail des problèmes et des différences qui divisent les deux pays. Madrid souhaite continuer à accueillir, soutenir et financer les séparatistes du Polisario sans payer le prix économique et diplomatique de ses actions.
Le ministre des Affaires étrangères José Manuel Albares, qui affirme que les relations avec Rabat sont « bonnes », doit comprendre que personne en Espagne ne doit attendre des dividendes diplomatiques de ses paroles aimables sur le Maroc. Si le royaume ibérique veut voir un rebond politique avec Rabat, il doit adopter des positions concrètes soutenant le plan marocain d’autonomie au Sahara.
Rabat reste mécontent des appels de l’Espagne à l’autodétermination du Sahara occidental alors que les Marocains savent que l’ancienne puissance coloniale possède des documents et des preuves confirmant que le Sahara a toujours été marocain. Les arguments avancés par les Espagnols pour ne pas ouvrir leurs archives sont carrément trompeurs et insidieux.
Le gouvernement marocain doit accélérer ses préparatifs nationaux en vue d’une éventuelle confrontation avec l’Espagne. Ces mesures devraient s’inscrire dans une large campagne diplomatique sur la scène internationale pour dénoncer la duplicité de Madrid en matière d’autodétermination et de décolonisation. Le renforcement des capacités militaires et des alliances de défense du Maroc renforcera les positions diplomatiques de Rabat.
Une intensification des contre-offensives marocaines pour répondre à ces provocations a été longue à venir. Une plainte auprès de la Quatrième Commission de l’ONU appelant à la décolonisation des villes de Sebta et Mélilia est un bon point de départ.
Les Marocains ne sont plus aussi inquiets qu’avant d’affronter Madrid. La méfiance du Maroc à l’égard des motivations espagnoles a atteint un niveau record.
Une confrontation avec l’Espagne serait désordonnée et insoluble. Mais pour les Marocains, une guerre pour préserver le Sahara occidental, qui est au cœur du désaccord, est existentielle.
L’Espagne ne peut pas promouvoir une résolution de sa crise actuelle avec Rabat sans reconnaître la décolonisation marocaine de l’ex-Sahara espagnol. Pour le moment, il n’a pas pris de mesures honnêtes pour répondre aux préoccupations du Maroc.
Le Maroc ne concédera ni ne compromettra sa souveraineté sur le Sahara occidental de la même manière que l’Espagne n’acceptera jamais la sécession complète de la Catalogne. À moins que Madrid n’accepte cette réalité, ses relations avec le Maroc continueront de se détériorer jusqu’à ce qu’un conflit éclate.
Les nationalistes marocains ont appelé à un soutien ouvert aux républicains catalans. Le soutien de Rabat à la cause catalane reste mou, timide et décevant. À ce stade du conflit, les diplomates marocains n’ont d’autre choix que d’assister tous les mouvements séparatistes régionaux luttant contre la domination espagnole de la même manière que Madrid promeut la guérilla du Polisario.
La reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental et la nouvelle alliance israélo-marocaine ont fait passer les relations entre le Maroc et l’Espagne à un tout nouveau niveau de confrontation. Ces tensions continueront de s’intensifier alors que le gouvernement espagnol et la société civile font pression pour provoquer le Maroc.
Le gouvernement Sanchez a plusieurs options pour réduire les tensions, mais il choisit de ne pas le faire. Dans le même temps, les deux pays doivent prendre au sérieux la menace d’une confrontation alors que les relations bilatérales se détériorent.
*Journaliste-écrivain marocain installé aux États-Unis.