Corée du Sud: Restaurant Casablanca, fleuron de l’art culinaire marocain au pays du Matin Calme

Par Abdelghani AOUIFIA*

Au quartier de Haebangchon, au cœur de Séoul, la flamboyante capitale de la Corée du Sud, le nom de la métropole casablancaise s’affirme de plus en plus. Et pour cause, un restaurant marocain du nom de Casablanca qui fait découvrir aux Sud-Coréens les merveilles de la cuisine marocaine, un véritable soft-power qui confère au Maroc un rayonnement dans les contrées les plus lointaines du globe.

Abdelouahed Naciri, 37 ans, raconte l’histoire de l’ouverture de ce restaurant comme un conte de fées. Après deux années de formation à l’école hôtelière de Salé, ce natif de la médina de Rabat a atterri avec son épouse sud-coréenne à Séoul où il a commencé par l’ouverture d’une petite sandwicherie marocaine.

C’était le sésame qui allait ouvrir les portes du marché de la restauration de la métropole coréenne à ce jeune, qui ne cache pas son goût pour l’aventure, lui qui s’était lancé à l’âge de 17 ans dans un périple de trois mois en auto-stop dans plusieurs pays de l’Afrique de l’ouest.

« Ce voyage a ouvert mes yeux. Je voulais découvrir d’autres pays », indique Abdelouahed, qui a trouvé en l’art culinaire, une passion, un métier qui peut lui ouvrir de nouveaux horizons.

Abdelouahed, qui exerçait en parallèle des petits boulots pour survivre dans une ville connue par son coût de vie élevé, s’est accroché à son rêve en dépit des difficultés du début.

« La qualité était ma devise pour conquérir une clientèle exigeante et qui, de plus, ignorait presque tout de la cuisine marocaine », indique-t-il. Le marché local connu par ses complexités propres à lui ajoutait aux difficultés.

Les saveurs de la cuisine marocaine, riche en épices, en couleurs et en senteurs, allait vite permettre à Abdelouahed d’occuper le terrain dans le quartier très branché de Haebangchon, avec sa population jeune et ses expatriés majoritairement anglophones qui lui confèrent un caractère de haut lieu de diversité tout en conservant un cachet traditionnel attachant.

Le jeune chef marocain, qui a appris les gestes et les techniques de sa mère et des femmes de la région de ses origines à Immintanout depuis l’enfance, a fini par affirmer sa réputation.

MSG ou « Moroccan Sandwich Guy » est devenu son surnom parmi les habitués de Haebangchon. Les chaines de télévision sud-coréennes ne sont pas restées indifférentes à la renommée d’un jeune marocain qui commence à séduire.

Une émission « Tasty Road » de la très populaire chaine Olive TV, consacrée à l’aventure marocaine, a été largement suivie par le public coréen, curieux de découvrir l’aspect culinaire de la civilisation marocaine.

Abdelouahed se rappelle de la longue file d’attente des clients devant sa sandwicherie le lendemain de l’émission.

Le terrain était donc prêt pour le jeune marocain de lancer un restaurant marocain à part entière à Séoul, offrant la cuisine marocaine : la véritable, l’authentique.

A Casablanca, tous les plats de la cuisine marocaine sont servis. Du thé à la menthe, à la Harira, en passant par le couscous, les tajines, la pastilla, les briouate, la seffa, la rfissa et la horgma outre les pâtisseries à base de miel et fleur d’oranger et autres délices cuisinés dans les foyers marocains, les Sud-Coréens comme les touristes n’ont que l’embarras du choix.

Installé dans un pays où les nouvelles technologies sont partie intégrante de toutes les facettes de la vie quotidienne, Abdelouahed a investi les réseaux sociaux où son brand est suivi par des milliers de Coréens.

Il est désormais sollicité par les grands brands de luxe en Corée du Sud qui font appel à lui pour présenter l’art culinaire marocain dont la renommée mondiale n’est plus à démontrer.

C’est aussi une manière pour le jeune marocain de perpétuer la tradition marocaine tout en la promouvant et en lui donnant ses lettres de noblesse en terre coréenne.

Casablanca est maintenant une des plus grandes attractions pour une élite sud-coréenne dont des stars de la K-Pop culture (la culture pop coréenne) qui viennent trouver dans cette petite partie du Maroc un lieu de convivialité dans un décor qui leur offre une immersion totale dans la culture ancestrale du Royaume.

Pour Abdelouahed, implanter l’art culinaire marocain en Corée du Sud est également une affaire de transmission d’un savoir-faire ancré dans l’histoire.

Le jeune chef marocain semble bien comprendre cette mission qu’il assume magistralement épaulé par une équipe acquise à sa cause et composée de nationalités marocaine, asiatiques et même européennes. En maitre d’orchestre, Abdelouahed veille au grain dans la préparation des plats.

« Pour moi, ce n’est pas seulement une question de réputation. Nous devons perpétuer une vieille tradition culinaire et préserver l’image rayonnante de notre pays natal », indique-t-il non sans fierté.

Fort de son succès qui ne s’est jamais démenti, Abdelouahed rêve de conquérir d’autres cieux, partant d’un sol robuste arrosé depuis la nuit des temps par un art marocain qui ne cesse d’éblouir les sens partout dans le monde.

MAP