Les professionnels de la scène adressent via les réseaux sociaux un cri d’alarme, largement relayé, à l’intention du ministre de la Culture, qui a au moins le mérite d’attirer l’attention sur la grave situation du spectacle vivant.
De l’avis des plus optimistes, le théâtre se meurt à petit feu, en l’absence de vision, encore moins d’une stratégie, jumelées à une communication officielle minimaliste pour ne pas dire inexistante.
Il est donc normal et prévisible de voir les professionnels, toutes sensibilités confondues, monter au créneau -en désespoir de cause- en interpellant l’autorité de tutelle censée présider à leur(s) destinée(s).
Rappelons au passage qu’après la désastreuse expérience du programme exceptionnel de soutien 2020 à la culture, aucun nouvel appel à projets n’a été lancé par le département culture.
Pour les non-initiés, il convient de préciser que les productions théâtrales, à l’instar des autres métiers des arts et de la culture, bénéficient d’un soutien à travers des programmes de soutien annuels instaurés par décrets ministériels.
Depuis la fin des années 90 du siècle dernier, cette politique étatique de soutien est devenue la norme qui conditionne l’action culturelle marocaine, avec bien évidemment ses défenseurs et ses détracteurs.
Chiffres à l’appui, le département de tutelle, ainsi qu’une partie des nombreuses représentations syndicales, défendent les acquis en la matière, même si les statistiques officielles en l’espèce souffrent de l’absence d’une analyse plus poussée.
Certes, le montant des subventions n’a eu cesse d’augmenter, issues du Fonds National d’Aide à la Culture et non du budget de fonctionnement alloué à la culture, mais face à un nombre croissant d’organisations et d’artistes bénéficiaires.
A l’ère pandémique, ces subventions sont à l’arrêt, et pis la visibilité quant à une reprise est inexistante, avec pour résultat un secteur déjà vacillant qui entame un lent et douloureux naufrage.
Il n’est pas besoin de rappeler le rôle social et sociétal du théâtre et plus généralement celui de la culture, d’autant plus que le nouveau modèle de développement l’évoque à plusieurs reprises en sus de la nécessité de faire émerger une réelle industrie culturelle et créative.
Il va sans dire que la pratique théâtrale n’a pas attendu un soutien institutionnel pour exister et que face aux failles sectorielles soulevées par le modèle de développement, l’heure n’est plus aux demi-mesures.
Aujourd’hui que les professionnels sont quasi-unanimes à pointer du doigt la situation dramatique d’un secteur à l’agonie, il serait peut-être temps de s’atteler sérieusement à repenser notre modèle en la matière, qui assure les conditions objectives de l’émergence d’une réelle compétitivité nationale et internationale du produit théâtral marocain.