LES RAISONS CACHÉES DE LA VISITE DU VICE-MINISTRE ALLEMAND DES AE EN ALGÉRIE

Le vice-ministre allemand des Affaires étrangères, Niels Annen, se plaint de l’attitude « inamicale » du Maroc envers son pays. Dans une interview accordée au quotidien Tageszeitung, proche du parti vert allemand, il regrette qu’il « n’y ait pratiquement plus de communication (entre Rabat et Berlin, Ndlr) et que l’ambassadeur d’Allemagne désigné à Rabat attende son agrément depuis cinq mois ».

Niels Annen, membre dirigeant au sein du Parti social-démocrate (SPD, Sozialdemokratische Partei Deutschlands), n’est (évidemment) pas sans savoir pourquoi le Maroc a gelé il y a maintenant sept mois (1er mars dernier), ses relations diplomatiques avec l’Allemagne. Il veut prêcher le faux pour avoir le vrai. Le faux, puisqu’il accuse sans fondement le Maroc de vouloir « faire chanter » son pays sur le dossier du Sahara. « La partie marocaine semble s’attendre à ce que l’Allemagne change sa position traditionnelle sur le conflit du Sahara occidental, c’est-à-dire qu’elle reconnaisse que cette zone annexée fait partie du Maroc. Tous les gouvernements fédéraux précédents partagent l’avis juridique des Nations Unies selon lequel le statut du Sahara occidental n’a pas été clarifié« , a-t-il allégué.

Voici ce que cela donne: M. Annen accuse le Maroc d’avoir « annexé le Sahara occidental » et en même temps en réfère à « l’avis juridique de l’ONU » qui n’a jamais considéré le Sahara comme étant « un territoire occupé »! 

Mais passons, car l’ancien vice-président de l’Union internationale de la jeunesse socialiste (IUSY) n’en est pas à une contradiction près. « Le Gouvernement fédéral allemand soutient tous les efforts sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité pour parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable du conflit. Nous accepterons bien entendu une telle solution« , a-t-il ajouté.

À moins que l’ancien lauréat de l’université Complutense, Madrid, ne soit de mauvaise foi, il ne peut évidemment ignorer le contenu des « résolutions pertinentes » du Conseil de sécurité, notamment la 2602 consacrant clairement la prééminence de l’Initiative du Maroc pour l’octroi d’un statut d’autonomie au Sahara, à l’origine du processus de négociations lancé en avril 2007 à Manhasset, en banlieue new-yorkaise, pour trouver « une issue réaliste, pragmatique et durable au conflit ».

Il en ressort que c’est la position de Berlin qui n’est pas pertinente, elle est de 14 ans en retard par rapport à la position de l’instance décisive de l’ONU, laquelle a pleinement conscience du rôle maléfique d’Alger, véritable partie prenante au conflit, dans l’obstruction de toute issue politique à ce différend factice plus que quarantenaire.

Berlin-Alger, l’axe du mal

Dans la même interview au Tageszeitung, M. Annen n’a étrangement pas tari d’éloges sur Alger, où il s’était rendu du 16 au 18 octobre dernier. « J’ai trouvé très professionnel que les interlocuteurs algériens n’aient pas essayé de profiter des tensions entre le Maroc et l’Allemagne« , a-t-il dit, feignant d’ignorer que le Maroc est le principal catalyseur de la politique étrangère algérienne. Il feint d’oublier aussi que l’Allemagne s’est bel et bien rangée du côté d’Alger pour contrecarrer la souveraineté du Maroc sur son Sahara, comme l’a clairement démontré la convocation le 21 décembre 2020 par Berlin d’une réunion du Conseil de sécurité, en protestation contre la reconnaissance US de la marocanité du Sahara.

L’hostilité allemande dépasse le cadre du conflit autour du Sahara pour prendre la forme d’une « guerre » économique contre le Maroc. Et pour s’en rendre compte, il n’est qu’à se référer au rapport de l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité, influent think-tank comptant parmi ses fidèles clients le gouvernement d’Angela Merkel et le Bundestag, intitulé « Rivalités maghrébines sur l’Afrique subsaharienne: l’Algérie et la Tunisie cherchent à suivre les pas du Maroc« . « Plutôt que d’appuyer les efforts du Maroc dans le cadre d’un équilibre souhaité entre les pays de la région, des rapports ont franchi toutes les limites de l’acceptable, allant jusqu’à recommander que soit freinée la dynamique de développement de notre pays, au motif captieux qu’elle crée une dissymétrie entre les États maghrébins« , avait rétorqué le Roi Mohammed VI dans son discours du 20 août 2021.

Berlin veut sanctionner le Maroc bâtisseur et, par ricochet, encourager un régime militaire algérien viscéralement rentier et prédateur, férocement liberticide et répressif. Quel talent! 

Il est consternant de constater que durant sa récente visite de deux jours à Alger, M. Annen n’ait pas formulé le moindre reproche à ce même régime despotique malgré la répression systématique du « hirak » du peuple algérien frère, dont le « délit » semble-t-il est de revendiquer simplement l’instauration d’un État réellement civil et démocratique. Un silence allemand complice, voire coupable, sur les crimes avérés des satrapes d’Alger, observé en contrepartie d’intérêts sonnants et trébuchants octroyés par ce même régime à l’Allemagne très, très démocratique.  Aux dernières nouvelles, le ministre allemand s’est offert le voyage à Alger pour vendre de « l’hydrogène vert »

Qui a dit que l’argent n’a pas d’odeur?