Le Maroc, ils n’ont que « ça » à la bouche. Ils voient du Maroc partout. Des recoins les plus reculés de la Kabylie aux steppes de Tamanrasset, en passant par le Club des Pins, à Alger. Le Maroc, rien que le Maroc, surtout le Maroc. Il ne se passe pas un jour sans que le Maroc s’invite sur le fil de l’APS, une émission de « débat » politique voire de sport et de cuisine, fasse les manchettes de la presse, papier et digital confondus. Il n’est pas une seule décision qui ne soit prise par rapport au Maroc. Chaque projet initié au/par le Maroc est conçu comme une « agression ». Un nouveau pont, un nouveau tunnel, une nouvelle tour, un nouveau théâtre, un nouveau port, un nouvel hôpital… Chaque nouvelle pierre ajoutée à l’édifice du Maroc est forcément une pierre jetée à leur face.
Leur enfer, c’est le Maroc. Le Maroc est leur mauvaise conscience. Le Maroc est le miroir qui leur renvoie l’image de leurs propres échecs. Le Maroc est responsable de tous leurs maux, y compris le trou d’Ozone et les incendies de Kabylie, l’assèchement de la nappe phréatique, le plongeon des cours de pétrole et de gaz, la spéculation sur les pommes de terre, la raréfaction des briques de lait, de l’huile de table qui se vend sous le manteau et dans des sachets en plastique, les queues interminables devant la Poste d’Alger qui manque cruellement de pétro et gazo-dinars, des pannes d’électricité et… des frégates Meko, des crashs de Mig, des sous-marins « Kilo », bref de cette « fArce de frappe », pour reprendre un terme cher au raïs du « Titanic » Algérie, qui n’est finalement que la voix de ses maîtres.
Au rythme et dans les proportions de cette fixation sur le Maroc, ils ont fini par se lasser, par lasser tout le monde, y compris et surtout le peuple algérien frère qui ne croit déjà plus à la chanson. Alors, ils ont innové en décidant de ne plus appeler le Maroc par son nom, mais simplement par le situer géographiquement: « Un État en Afrique du Nord ».
C’est ce que nous a appris un communiqué klaxonnant de leur DGSN annonçant « le démantèlement en Kabylie d’un groupe séparatiste en contact permanent sur internet avec des parties étrangères s’activant sous le couvert d’associations caritatives et de la société civile basées dans l’entité sioniste et un État d’Afrique du Nord« .
« Un État d’Afrique du Nord »
On a donc eu tort de reprocher aux généraux leur ignorance, même si leur niveau d’instruction ne dépasse généralement pas le Certificat d’études primaires (CEP). L’exploit est tel que le monde entier découvre aujourd’hui où se trouve le Maroc. Une découverte géographique à saluer des deux mains SVP.
Quant à l’histoire de cet « État d’Afrique du Nord », c’est une autre histoire. 12 siècles de civilisation qui continuent de rayonner sur le monde entier, y compris et d’abord sur cette Algérie qui, elle, n’a jamais été « État », ni « nation », et dont l’existence, -merci Macron de l’avoir dit haut et fort-, ne date que de l’occupation française. Cette Algérie qui imite le Maroc sur tout et veut même s’attribuer la paternité de son patrimoine millénaire: le caftan, le couscous, le mode musical ancestral, l’architecture, bref tout ce qui fait la richesse d’un pays de grande civilisation.
Sans vouloir retourner le couteau dans la plaie, nous conseillons aux très sympathiques généraux algériens de s’intéresser à l’histoire pour mieux comprendre le Maroc. On ne cache pas le Soleil avec un tamis.