Le SG de l’ONU, Antonio Guterres, vient de présenter son nouveau rapport sur le Sahara aux 15 membres du Conseil de sécurité. Et le premier constat qui se dégage de ce rapport, dont le Collimateur détient une copie, est qu’il ignore superbement les cris d’orfraie algéro-séparatistes concernant l’existence d’une « guerre » au Sahara, en se limitant d’évoquer « un risque d’escalade » et en recommandant « la reprise du dialogue (…) pour désamorcer la situation (…) et trouver une solution juste, durable et mutuellement acceptable » au contentieux.
Il en ressort que les 300 communiqués de « guerre » diffusés par le « polisario » depuis l’intervention des FAR pour débloquer l’axe routier d’El-Guergarat, le 13 novembre 2020, ne valent même pas l’encre avec lequel ils ont été écrits.
« Je suis profondément préoccupé par les développements au Sahara occidental. Le statut de la bande tampon en tant que zone démilitarisée reste une pierre angulaire d’une solution pacifique à la situation du Sahara occidental« , relève néanmoins M. Guterres, rappelant que ladite zone est censée être démilitarisée ne vertu de l’accord de cessez-le-feu signé début septembre 1991.
« Il est essentiel que le front polisario s’abstienne immédiatement de toute limitation à la libre circulation des convois terrestres de la Minurso, des moyens aériens à l’est du mur (Ndlr: dispositif de défense marocain), et permettre une libre circulation du personnel onusien chargé de la logistique, de la maintenance et des prestations de service« , enjoint M. Guterres, qui jette la pierre au mouvement séparatiste à la solde d’Alger.
« Les observateurs militaires de la MINURSO n’ont pas pu accéder en toute sécurité aux zones près du mur ou de la zone tampon. En raison des restrictions de mouvement supplémentaires imposées à l’est du mur, la capacité de la MINURSO à observer la situation sur l’ensemble du territoire et assurer une maintenance importante à ses teamsites est considérablement entravée. Si ces contraintes ne sont pas levées, la situation dans les teamsites de la MINURSO à l’est du mur risquent de devenir insoutenable« , prévient M. Guterres.
Et d’ajouter: « Malheureusement, les deux parties ont continué à limiter leur engagement avec le direction de la MINURSO. Cela fait maintenant plus de deux ans que l’une ou l’autre partie n’a pas rencontré mon Représentant spécial et, dans le cas du Front POLISARIO, plus de trois ans avec le commandant de la Force. Dans l’intérêt de tous, je réitère mon appel aux parties de rester engagées et de maintenir des contacts réguliers avec le personnel de la MINURSO, tant civil que militaire« .
Nécessité du retour à la table du dialogue pour trouver une issue politique au conflit
« Je réitère mon appel aux membres du Conseil de sécurité, amis du Sahara et aux autres acteurs concernés pour encourager le Maroc et le Front polisario à s’engager de bonne foi et sans conditions préalables dans le processus politique dès que mon nouvel Envoyé Personnel est nommé« , indique M. Guterres, qui a proposé le diplomate suédo-italien, Staffan da Mistura, en tant que nouvel émissaire pour le Sahara.
« Les parties doivent s’abstenir de rhétorique et d’actions nuisibles » aux efforts déployés pour la reprise du dialogue politique, insiste M. Guterres. « De tels gestes et actions sont une source de tension et vont à l’encontre de l’esprit d’une solution négociée » au différend saharien, ajoute-t-il.
L’insistance sur une solution politique au différend implique, par ricochet, l’enterrement de la thèse défendue par Alger et le « polisario », soit le fameux « droit du peuple sahraoui à l’autodétermination » qui, en l’occurrence, n’a été mentionné qu’une seule fois dans les « Recommandations » du SG de l’ONU.
La rupture par Alger de ses relations avec le Maroc évoquée par M. Guterres
Évoquant le rôle que les « États voisins » doivent jouer dans la recherche d’une solution à la question du Sahara, M. Guterres n’a pas manqué d’évoquer, dans son rapport, la rupture par Alger de ses relations diplomatiques avec le Maroc. « Les États voisins ont un rôle vital à jouer dans la recherche d’une solution au problème du Sahara occidental. À cet égard, la détérioration des relations entre le Maroc et l’Algérie est préoccupante. J’encourage les deux pays voisins à trouver une voie à suivre pour rétablir les relations« , exhorte le SG de l’ONU, qui sait pertinemment que lesdites relations ont été rompues par Alger.
L’Algérie est le seul « État voisin » qui a été cité nommément par M. Guterres, ce qui revient à reconnaître la responsabilité de ce pays dans la création et le maintien du différend.
En liant la reprise du dialogue politique au rétablissement des relations entre l’Algérie et le Maroc, M. Guterres sait parfaitement que toute solution à ce contentieux passe nécessairement par Alger, principale partie au conflit.
Une évidence qui ne doit évidemment pas échapper au nouvel Envoyé personnel du SG de l’ONU, Staffan de Mistura.