Le centre-ville de Casablanca la blanche est devenu noir par ses immeubles art déco enlaidis par la poussière, la pollution et le manque d’entretien, les détritus, l’odeur nauséabonde de l’urine, l’invasion des mouches et des moustiques, des clochards puants, des fous crasseux, des mendiants agressifs ainsi que les cris assourdissants des gardiens de voitures et des courtiers de taxis blancs. Invivable, le centre-ville ?
C’est peu dire quand on voit ce qui est advenu des boulevards Lalla Yacout, Paris, 11 janvier, Mustapha El Maani, Omar Riffi et Mers Sultan ainsi que la célèbre rue piétonnière prince Moulay Abdallah. Toutes ces artères ont été ruralisées par des marchands ambulants, qui sont devenu fixes y compris les poissonniers, par des dizaines d’immeubles désaffectés voire menaçant ruine, par des magasins, jadis très prisés, mais qui sont aujourd’hui abandonnés pour devenir des dépotoirs.
Autant dire que le centre-ville ressemble comme une goutte d’eau à l’anarchie qui règne dans les quartiers populaires les plus éloignés comme Sidi Moumen, Errahma, Lissasfa et autres. A la tombée de la nuit, le peu d’habitants qui y vivent encore rentrent chez eux tôt car cette zone devient un territoire perdu du royaume envahi par les délinquants et les clochards. Tard dans la nuit, les bars et les clubs, qui se retrouvent désormais dans des quartiers résidentiels, déversent leurs lots d’hommes et de femmes très éméchés qui multiplient les bagarres et le vacarme jusqu’aux premières heures de la matinée.
Cette anarchie est devenue le lot quotidien des habitants qui se demandent pourquoi les rondes de police se font rares dans cette zone. Pourtant les bagarres nocturnes à la sortie des bars sont légion rendant ainsi la vie infernale aux habitants qui n’ont plus de choix que de se résigner devant cette fatalité. D’autres plus nombreux et plus chanceux ont emménagé vers d’autres cieux plus cléments.
Cette description ne relève nullement de l’exagération à preuve plusieurs agences bancaires, dont les guichets ont été saccagés et les devantures défigurées par l’urine et les détritus, ont fermé leurs portes. Autant dire que le centre-ville est devenu zone sinistrée non pas par une catastrophe naturelle mais par des humains inhumains et à leur tête les autorités locales et les élus du conseil de la ville.
Une catastrophe qui est en train de détruire tout un pan de l’histoire d’une ville et menace la santé publique de ses habitants. Il n’y a pas de doute que la délivrance ne pourrait venir que d’en haut donc de Rabat car les Bidaouis ont compris depuis longtemps que leurs élus sont des cas désespérés.