LE PJD ET SA LECTURE DE « L’ABSTENTION ÉLECTORALE »

La notion d’abstention électorale a fait l’objet de plusieurs études récentes et le phénomène est mieux compris.

Dans plusieurs pays, comme le nôtre, l’inscription des citoyens sur les listes électorales n’est pas automatique. S’inscrire est une  décision assumée, responsable et volontaire qui a une profonde signification socio-politique.

S' »inscrire » suite à un déplacement  ou  « en ligne » est un engagement, un  acte aussi important que celui de « voter »…

*** Un argumentaire lié aux intérêts d’un parti

Le PJD pensait que le Conseil Constitutionnel était le « gardien » d’un quotient électoral  figé sur la base du nombre des « votants »…  et jamais sur celui des « inscrits ». 

Le PJD s’est indigné. Pour lui, l’adoption d’un quotient « sur la base des INSCRITS est un choix anti-démocratique qui menace la légitimité du processus électoral ». Rien que ça !!

Évidemment, on a tous compris que la première formule faisait son affaire.

Elle a abouti, lors des élections législatives de 2016, à une situation qui a porté un préjudice  à la « diversité » et  au « pluralisme » de la société marocaine.

Avec seulement les suffrages de  1.618 000 votants (sur 15. 700 000 inscrits) le PJD a raflé 125 sièges à la Chambre des Députés. Une anomalie !    

La société marocaine est fondamentalement pluraliste. On ne peut pas s’accaparer le monopole de parler en son nom – parfois avec arrogance –  avec seulement les suffrages de 10% d’électeurs.

***Ne pas confondre la catégorie des « abstentionnistes inscrits » … avec celle des « non-inscrits » en hors-jeu de l’expression démocratique.

Les citoyens inscrits de leur plein gré, sur les listes électorales, et qui ne votent pas… n’ont rien à voir avec ceux qui ne s’inscrivent même pas !

Ces personnes désinvesties et détachées sont souvent des marginaux, des isolés, des contestataires, des  indécis, des démotivés, des individus ne croyant en rien, ou sous influence de tous les populismes…

Ils sont en « hors-jeu » et s’auto-excluent du processus électoral… lié à  la compétition  entre partis politiques.

Et, il ne faut surtout pas mettre sur le même plan (comme le fait le PJD) les « abstentionnistes inscrits » ayant une conscience politique aiguisée… avec des individus désinvestis et détachés.

*** L’abstention comme  « décision électorale » face à une offre partisane médiocre

Les abstentionnistes (déjà inscrits) sont profondément intéressés par la politique… et  considèrent l’abstention comme un « acte, un choix, une décision » par rapport à des offres politiques et des candidats qui ne leur conviennent pas.

Ils  peuvent aussi être déçus par les profils de leaders incompétents, sous-instruits, sans charisme, affairistes ou hâbleurs.   

Ils peuvent aussi voter par intermittence. Participer massivement à un référendum qui engage un choix de société… mais s’abstenir pour les législatives ou les municipales.

Leur abstention est une forme d’ »évaluation », une « décision électorale »… traduite par un « non-vote »… dont il faut tenir compte.

***L’abstention n’est ni un repli, ni une panne de civisme.

Ce n’est pas non plus un déficit démocratique comme certains veulent le faire croire. 

Aujourd’hui, le « vote » comme « l’abstention », y compris dans les démocraties traditionnelles,  sont redéfinis en tant qu’outils du jeu démocratique.

Le PJD a tout fait pour écarter ces millions de citoyens abstentionnistes… afin de maintenir son score de rêve et inespéré pour lui de 2016.

Le calcul du quotient électoral sur la base des inscrits est un mécanisme qui ne menace en rien la légitimité du processus électoral.

C’est pour cela qu’au  lieu de considérer les abstentionnistes comme des « parias ou des pestiférés à exclure »… le PJD aurait dû se mobiliser pour motiver encore plus les citoyens … de tous bords… afin de les inciter à voter. Mais apparemment un très fort taux de participation ne l’intéresse pas beaucoup !

On a tous compris que l’abstention  faisait son affaire… mais maintenant les choses ont changé. Il ne peut plus continuer à vouloir gérer les affaires publiques « entre soi » sur la base de son petit noyau d’électeurs acquis…