***Une éviction inattendue
Sans préjuger du fond de l’affaire… et on ne va pas défendre ici le harcèlement sexuel… le communiqué de GlaxoSmithKline est d’une âpreté surprenante.
Suite à la lettre d’une employée, accusant Moncef Slaoui de harcèlement sexuel, le conseil d’administration de la multinationale britannique décide de limoger le chercheur de son poste de président de « Galvani Bioelctronics », filiale de GSK.
La décision est motivée par la « réception d’une lettre contenant des allégations de harcèlement sexuel et de conduite inappropriée envers une employée de GSK par le Dr Slaoui, qui se sont produites IL Y A PLUSIEURS ANNÉES alors qu’il était employé de GSK« .
« Dès réception de la lettre, le conseil d’administration de GSK a immédiatement lancé une enquête auprès d’un cabinet d’avocats expérimenté pour examiner les allégations. L’enquête se poursuit« .
GSK a publié un communiqué chargé d’une forte indignation. La multinationale a dénoncé, dans les termes les plus forts, des comportements : « inacceptables… qui représentent un abus de position de leader… qui violent les politiques de l’entreprise… qui sont contraires aux valeurs fortes qui définissaient la culture de GSK… le harcèlement sexuel et tout abus de position de leadership sont strictement interdits et ne seront pas tolérés…« .
*** Le long parcours de Moncef Slaoui avec GSK presque gommé
Moncef Slaoui a travaillé pendant 30 ans au sein de GSK. Il a contribué au développement de 14 vaccins. Aujourd’hui, on le présente comme une personne infréquentable. Ses acquis et réalisations en matière scientifiques sont presque éclipsés.
Pour de nombreux observateurs, les termes emportés du communiqué supposent qu’il y a quelque part l’objectif de fragiliser l’homme et l’inciter à partir sans rien demander.
Plusieurs affaires de ce genre… même dans les pays les plus sévères avec le harcèlement sexuel… ont été gérées avec mesure en faveur de la victime et suite à son accord… Avec des dédommagements substantiels.
GSK s’est positionné comme un « exemple de vertu et d’éthique« , alors qu’une recherche sur le net permet de prendre connaissance du grand nombre de controverses, polémiques et procès autour de GSK. Même dans son cœur de métier !
Sur des médicaments comportant des risques de pensées suicidaires… sur une augmentation abusive de prix d’un médicament et fraude de brevet… sur un médicament anti diabète présentant des risques cardio-vasculaires… sur un vaccin anti grippe qui pouvait causer la narcolepsie et retiré… etc.
Bref on n’est pas dans le meilleur des mondes… ni à GSK, ni ailleurs… et la « relativisation » est nécessaire avant de monter sur les chevaux de la vertu !
***Le retard très embarrassant de GSK dans la course aux vaccins contre le coronavirus.
GlaxoSmithKline fait partie des 10 géants pharmaceutiques mondiaux avec un chiffre d’affaires de près de 37 milliards d’euros.
C’est effectivement un grand groupe qui a créé des médicaments majeurs pour le système respiratoire, les allergies, le sida, le diabète, les thromboses, le cancer. Et aussi près de 40 vaccins: méningite, hépatite, coqueluche, grippe…)
Mais son plus grand revers est d’avoir manqué le rendez-vous historique avec un vaccin contre le coronavirus de sa propre conception.
Alors que l’actualité mondiale ne parle que d’AstraZenéca… Pfizer… Moderna… BioNtech… Johnson Johnson… Sinopharm… Spoutnik… GSK est absente de cette actualité.
La multinationale ne cesse de souligner que la recherche se poursuit avec son partenaire le français Sanofi-Pasteur pour un vaccin… mais pas avant la fin de 2021.
GSK assume mal ce retard. Elle a exprimé sa déception il y a quelques mois. Le programme connaîtrait « un retard ». « Les résultats de l’étude ne sont pas à la hauteur de nos espérances » selon Roger Connor, président de GSK Vaccines.
Or le nom de Moncef Slaoui… lors de sa mission « Warp Speed »… a été constamment associé et de très près à l’élaboration efficace et rapide des vaccins par Pfizer (USA) BioNtech (Allemagne) et Moderna (USA)… Des compétiteurs du britannique GSK.
L’affaire est complexe. Pouvait-il rester président d’une filiale de GSK qui peine à trouver un vaccin ? Il a dû y avoir de franches explications! D’autres motifs pourraient s’ajouter à ceux présentés par le communiqué !
***Les excuses de Moncef Slaoui
Aujourd’hui Moncef Slaoui a publié un communiqué pour présenter ses excuses.
« C’est avec un profond regret que je prends acte de la déclaration d’aujourd’hui de GlaxoSmithKline concernant ma démission de la présidence du conseil d’administration de Galvani. J’ai le plus grand respect pour mes collègues et je suis désolée que mes actions aient mis un ancien collègue dans une situation inconfortable. Je tiens à m’excuser sans réserve auprès de l’employé concerné et je suis profondément désolé pour toute détresse causée. Je voudrais également m’excuser auprès de ma femme et de ma famille pour la douleur que cela cause. Je travaillerai dur pour me racheter avec tous ceux que cette situation a impactés. Je prends un congé de mes responsabilités professionnelles actuelles avec effet immédiat, pour me concentrer sur ma famille« .
*** Les « déboires » de grandes figures, d’origine maghrébine et orientale, du management international
Réflexion collatérale… on ne peut pas ne pas penser aux déboires de ces brillantes personnes d’origine maghrébine ou orientale qui ont pu atteindre les sommets du management d’entreprises multinationales et qui par la suite ont été écartées dans des conditions avilissantes.
Au-delà de ce qu’on leur reproche, rien n’a été fait pour leur exprimer une minime reconnaissance.
On pense évidemment à Carlos Ghosn, ex-président du groupe Renault Nissan et qui a vu sa carrière brisée pour des motifs confus et peu clairs. Incarcéré au Japon, il n’a pas été défendu comme il le souhaitait par la France. Il en a gardé une forte amertume.
Carlos Ghosn et Moncef Slaoui… deux destins hors du commun… et dont l’histoire se rappellera comme des managers internationaux d’exception.