Choc, incompréhension et indignation chez l’opinion publique, suite à l’inondation d’un atelier « clandestin » de confection textile à Tanger qui a fait 28 victimes tragiques. Une tragédie et des familles éplorées et inconsolables.
Au-delà de l’enquête en cours qui déterminera les responsabilités, cette tragédie nous interpelle sur le phénomène de cette industrie informelle qui perdure dans notre pays ; ces ateliers d’un autre âge qui continuent de « prospérer » sur les ruines de citoyens extrêmement précarisés.
Combien d’unités similaires existent sur notre territoire où les nécessaires mesures de prévention et de sécurité sont inexistantes avec des employés sans aucune protection, tant physique que sociale.
Face à la vulnérabilité économique de beaucoup de familles, accentuée indubitablement par la pandémie actuelle, la pression sur le marché de travail est élevée, avec nombre de nos compatriotes, hommes et femmes, cherchant des emplois, qu’ils soient déclarés ou non.
Combien d’opportunistes profitent de cette situation de précarité pour échapper au circuit économique formel, en toute impunité? Est-il acceptable que cette même impunité reste banalisée vu les efforts nationaux de structuration actuels et ceux amenés à voir le jour ?
Le gouvernement n’apporte pour le moment aucune réponse sérieuse à ces interrogations, ainsi que le ministère du Travail et de l’Insertion Professionnelle, censé travailler à créer des conditions professionnelles décentes.
Ce dernier remplit-il -même imparfaitement- son rôle d’inspection et à fortiori d’identification et recensement de ces unités de production, dont au final la propagation reste inconnue? Hélas, nous n’en savons rien.
Les élus de la nation ont certes abordé hier lundi lors de la séance plénière cette tragique affaire, en abordant ces problématiques ; à laquelle le Ministre en exercice monsieur Amekraz, premier concerné, se contente de rétorquer qu’il faut éviter la « surenchère » face au drame et à ces « martyrs » de l’appât du gain abject et abominable.
Oui ce sont des martyrs, non d’un événement climatique exceptionnel, mais d’une politique à ce niveau défaillante ; d’autant plus qu’il y a une année exactement dans cette même ville de Tanger, ce même Ministre annonçait en marge d’une rencontre un panel de programmes d’insertion des jeunes dans le marché de l’emploi.
C’était en février 2020… Février 2021, des industries clandestines existent toujours -voire se développent ?-, et quand bien même elles participeraient à atténuer partiellement la pression sociale, ceci dessert tant l’Etat que ces Marocaines et ces Marocains, qui faute d’alternative acceptent d’être exploités, potentiellement nous le voyons au prix même de leur vie.
Paix à leurs âmes.