Nous l’écrivions déjà dans les colonnes de lecollimateur.ma en juillet dernier, les GAFA sont-ils un risque pour la liberté d’expression, le respect de la vie privée et de la confidentialité des données personnelles?
Google, Apple, Facebook et Amazon (GAFA), ce sont ces quatre mastodontes qui se taillent la part du lion dans le traitement des données virtuelles, avec un contrôle quasi-inexistant; la suppression du compte Twitter d’un président américain en exercice n’en est qu’un exemple parmi les plus éloquents.
Plus récemment, le gouvernement australien se livre à un bras de fer avec le géant californien Google, Canberra ayant un projet de loi visant à contraindre ce dernier à rémunérer les médias pour leurs contenus.
Summum de cette situation quasi-monopolistique avec ce qu’elle entraîne comme sentiments de dominance, la directrice générale de Google Australia a déclaré lors d’une audition au Sénat australien: « Si cette version du code devenait une loi, cela ne nous laisserait pas d’autre choix véritable que de suspendre Google Search en Australie ».
Il faut signaler qu’aucune autorité transnationale ne régule ni légifère la toile, et malgré ce qu’en disent les tenants de la théorie d’un Internet totalement libre -et ils sont nombreux-, nous vivons aujourd’hui une situation qui contredit totalement cette utopie.
En termes de régulations et de législations, chaque autorité nationale a toute latitude en la matière; mais devant l’importance et la domination de ces multinationales, l’équilibre des négociations ne peut qu’être illusoire.
La douzième économie mondiale qu’est l’Australie, qui offre soit-dit en passant à ses citoyens un niveau de vie parmi les plus élevés de la planète, en fait les frais aujourd’hui ; et de cette confrontation nul ne saurait prédire ce qu’il adviendra tant les positions sont antinomiques.
Certes, l’ONU a conscience des enjeux mondiaux relatif à la gouvernance d’Internet, notamment à travers le Forum sur la gouvernance de l’Internet (en anglais, Internet Governance Forum, IGF) ; même s’il n’est pas destiné, selon l’organisation mondiale, à avoir de fonction de contrôle ni ne remplacerait les mécanismes, institutions ou organisations déjà existants
Ce mécanisme officiellement neutre, ne traite malheureusement pas des problématiques réelles liées à cette situation paradoxale, où un outil mondial censé être totalement libre est en fin de compte instrumentalisé par un puissant lobby privé ; tant dans l’orientation de l’information que dans la sauvegarde de cette quasi-dérégulation qui lui est bénéfique.
Certainement, les réponses étatiques de régulation ne devraient pas constituer l’unique réponse à cette problématique par définition transnationale, tant les risques liberticides sont réels -pour ne citer que ceux-ci-.
Il serait temps donc de penser à une réponse globale qui puisse apporter un certain équilibre à cette situation où des entreprises guidées par une logique de capital s’arrogent des prérogatives, qui étaient traditionnellement la chasse gardée des États nationaux.