L’émission par le Maroc d’un emprunt obligataire sur le marché financier international (MFI) de 1 milliard d’euros (Md€), en deux tranches de 500 millions d’euros chacune, vient pour couvrir ses « besoins pressants » en ressources, a indiqué l’universitaire Omar Hniche.
Cette opération, effectuée le 24 septembre, intervient dans « un contexte très difficile » d’instabilité et d’incertitudes liées à l’évolution de la pandémie de Covid-19 et à ses inn$cidences sur la confiance des investisseurs internationaux et des intervenants sur les marchés financiers mondiaux, a déclaré à la MAP, M. Hniche, vice-président de l’Université Mohammed V de Rabat, chargé des affaires académiques et estudiantines.
« Au-delà des solutions d’endettement interne, le recours à l’endettement externe semble indispensable pour la couverture des besoins de financement de la relance mais aussi pour soutenir nos réserves de change », a souligné l’universitaire.
Ces obligations internationales émises par le Royaume sur le MFI se caractérisent par leur durée de remboursement moyenne ou longue (5 ans et demi pour la première tranche et 10 ans pour la deuxième tranche), avec des taux de rendement « relativement faibles » pour les souscripteurs (1,495 % pour les obligations de la première tranche et 2,176 % pour celles de la deuxième tranche), a-t-il fait remarquer.
Et d’enchaîner: « Cela intervient dans un contexte de réduction de l’attractivité des placements obligataires de longue période à taux d’intérêt très bas, car en cas de brusque remontée des taux, la baisse des prix des obligations peut être fatale aux détenteurs de portefeuilles importants (risque de taux pour les investisseurs) ».
Ce qui témoigne, a-t-il relevé, de « la confiance en termes de solvabilité et de santé économique et financière », dont jouit le Maroc, malgré les effets de la crise sanitaire, auprès de la communauté des affaires, des agences mondiales de notation et des investisseurs obligataires internationaux.
Outre le rendement qui constitue « l’un des niveaux les plus bas » obtenus par le Maroc sur le marché international, cette émission a bénéficié d’un carnet d’ordre important par sa taille pour une transaction en euro du Maroc dépassant les 2,5 milliards d’euros, avec plus de 197 investisseurs impliqués, a souligné l’universitaire.
Et de noter que « presque partout dans le monde, pour faire face à la crise sanitaire, les plans de sauvetage de l’économie, mis en place conduisent à « une explosion sans précédent » de la dette publique, poussant les marchés de dette souveraine à entrer dans une nouvelle ère. Les règles d’orthodoxie financière qui fixent des ratios précis sur le niveau d’endettement par rapport au PIB semblent, a-t-il dit, être « largement transgressées ».
Pour le cas du Maroc, le ratio dette/produit intérieur brut devrait passer de 65% en 2019 à 75% en 2020, a estimé l’universitaire, ajoutant, néanmoins, que pour préserver la solidité et l’autonomie financières, notamment vis-à-vis des prêteurs externes, l’Etat doit « faire cohabiter l’émission des titres de dette sur le marché financier international avec d’autres modes de financement ».
Il suggère à cet effet, « la création monétaire, par le biais d’+avances+ de la Banque centrale et l’orientation de l’épargne nationale privée vers des emprunts publics ».
Soulignant l’impératif de penser à convertir les dettes publiques anciennes en investissements profitables à la croissance économique, M. Hniche, également directeur du Centre interdisciplinaire de recherche en performance et compétitivité (CIRPEC), a précisé que « le niveau de la dette publique ne devra pas dépasser un seuil optimal tenant compte des exigences de soutenabilité ».