La pandémie de COVID-19 menace de réduire à néant les progrès durement obtenus au cours de la dernière décennie sur le plan de la santé et de l’éducation, surtout dans les pays les plus pauvres, selon une nouvelle étude de la Banque mondiale. «La pandémie menace d’effacer une décennie d’efforts pour renforcer le capital humain, en particulier au niveau de la santé, des taux de survie, de la scolarisation et de retards de croissance.
Elle a un impact économique particulièrement brutal sur les femmes et les familles les plus défavorisées, exposant de nombreux individus vulnérables à l’insécurité alimentaire et à la pauvreté », a indiqué le président de l’institution financière mondiale, David Malpass. Pour lui, «protéger les populations et investir dans leur avenir sont deux mesures cruciales pour jeter les bases d’un redressement durable et sans exclus et d’une croissance dynamique.»
A cause de la pandémie, la plupart des enfants dans le monde — plus d’un milliard — ont été privés d’école et pourraient, potentiellement, perdre en moyenne une demi-année de scolarité, compte tenu de l’apprentissage, avec en perspective un manque à gagner considérable.
Les données révèlent aussi les profondes perturbations dans les services de santé essentiels destinés aux femmes et aux enfants, un grand nombre d’entre eux n’ayant pas reçu les vaccins nécessaires, indique le rapport.
L’indice de capital humain 2020 dresse également un tableau sur dix ans, entre 2010 et 2020, de l’évolution des performances en la matière, qui révèle des améliorations dans toutes les régions pour lesquelles les données sont disponibles et pour tous les groupes de revenu.
Ces résultats sont à imputer pour l’essentiel aux progrès sanitaires, qui se traduisent par de meilleurs taux de survie des enfants et des adultes et un recul des retards de croissance, mais aussi par une hausse de la scolarisation. Aujourd’hui, le coronavirus menace d’anéantir ces avancées, indique la même source.
L’analyse constate qu’en moyenne, les filles obtiennent de meilleurs résultats en termes de capital humain que les garçons. Mais cette évolution ne se traduit pas encore par des possibilités comparables d’exploiter ce capital humain sur les marchés du travail: en moyenne, le taux d’emploi des femmes est inférieur de 20 points de pourcentage à celui des hommes, avec des écarts plus importants dans de nombreux pays et régions.
En outre, la pandémie exacerbe les risques de violences à l’encontre des femmes, de mariages précoces et de grossesses adolescentes — autant de facteurs qui limitent les perspectives d’apprentissage et d’autonomisation des femmes et des filles.
À l’heure actuelle, de nombreux pays risquent de voir disparaître les gains durement acquis sur le plan du capital humain. Mais au-delà des efforts consentis pour rattraper le temps perdu, les gouvernements doivent s’employer à préserver et étendre les gains antérieurs — en améliorant la couverture sanitaire et la qualité des soins dans les communautés marginalisées, en stimulant les résultats d’apprentissage en plus de la scolarisation et en soutenant les familles fragiles par des mesures de protection sociale adaptées à l’ampleur de la crise.
« Seules des mesures ambitieuses en faveur de la santé, de l’éducation et de la protection sociale, reposant sur des données probantes, permettront de regagner le temps perdu et de donner aux enfants d’aujourd’hui les moyens de dépasser les générations précédentes en termes de qualité de vie et de performances sur le plan du capital humain », recommande la Banque Mondiale.