RAM vs AMPL: QUAND LE DROMADAIRE TOMBE…

La guerre médiatique à l’encontre des pilotes de Royal Air Maroc ou plutôt de l’Association marocaine des pilotes de ligne (AMPL) reflète cette vision du fameux adage bien de chez nous, celle du dromadaire tombant et des coutelas qui en nombre, apparaissent.

Aujourd’hui, on assiste sur la place publique à ce qui s’apparente à une guerre de chiffonniers par médias interposés entre la compagnie nationale Royal Air Maroc et un corps de métier dont les compétences ne sont plus à démontrer.

L’affaire qui se résume en deux mots « licenciement économique » est largement sortie de son contexte et a même atterri chez le diffamateur vidéo du coin et autres qui en bons charognards ont déplacé le débat ailleurs. Aujourd’hui, certaines voix gazouillantes et d’intelligences et non des moindres criant haro sur ce corps de métier, l’accusent de « trahison », rien que ça. Un peu poussé surtout de la part d’une éminence, un magnat de la presse de surcroît qui a fait ses dents dans l’enseignement universitaire.

Ne pas chercher l’exactitude de l’information et la déformer pour la jeter en pâture à d’autres faims, pardon fins, relève de l’insulte déontologique de la chose et d’une démagogie qui n’honore pas son auteur.

Nullement ici l’intention de prendre position pour cette corporation de pilotes, ils sont majeurs, vaccinés et savent se défendre tous seuls. Le pilote marocain n’a plus à prouver son patriotisme, il l’a à maintes reprises démontré. Quand Ebola ravageait l’Afrique, la seule compagnie au monde qui la desservait, c’était Royal Air Maroc et les avions n’y allaient pas en pilotage automatique, on n’y est pas encore, n’en déplaise à certains.

L’Afrique est une volonté royale et les pilotes n’y ont jamais dérogé et sont toujours restés fidèles à leur devoirs et obligations envers leur Nation.

Aussi les accuser de trahison pour avoir reçu un courrier de soutien de la part des syndicats d’Air Algérie et sud-africain, c’est aller vite en besogne. Pourquoi s’arrêter qu’à ces deux seuls syndicats et ne pas désigner les autres africains et d’ailleurs, qui ont manifesté leur sympathie envers leurs collègues marocains, tous membres également de la Fédération internationale des pilotes de ligne (IFALPA) qui ont soutenu et qui soutiendront l’AMPL affiliée elle aussi, et où les 140. 000 membres de la Fédération sont connus pour y être solidaires entre eux. Non le débat est là où il est, à Royal Air Maroc et il doit y rester.

Le problème, c’est la gestion de crise que n’assurent pas ou ne veulent pas assurer les gestionnaires de la RAM. Aux derniers potins, conseil de discipline et licenciement d’un co-pilote pour « insultes » à la compagnie lors de la dernière AG de l’AMPL en visioconférence.

Quant à la réponse du berger à la bergère pour ce qui est de la proposition de l’AMPL (baisse des émoluments contre retour des 65 licenciés), le top management a rétorqué d’un niet catégorique.

Pire encore, il ne considère plus l’AMPL comme une entité valide et représentative du corps du Personnel Naviguant Technique (PNT) et se prépare à effectuer une seconde vague de licenciements. La liste concernerait les officiers pilotes ayant moins de cinq ans de navigation et les commandants de bord ayant moins de cinq ans dans ce grade.

La direction générale ne serait pas intéressée par la réduction des salaires et cherche une solution plus profonde, comme changer la nature du contrat.

Il se murmure qu’au cours de la réunion de la DG le 4 septembre afférente à ces décisions, le top mangement aurait affirmé qu’il ne faisait qu’exécuter les ordres. A se demander s’il y a un pilote dans l’avion RAM ?

Tout ce à quoi l’on assiste actuellement à la compagnie nationale, c’est une gestion à l’emporte-pièce, on forme des compétences et on les offre sur un plateau à d’autres compagnies qui les cueilleront comme des fruits mûrs à prix coûtant. Et après on se plaindra des fuites des cerveaux. Ce qu’il faut savoir encore avant de dénigrer, c’est que les salaires « jalousés » des pilotes marocains sont alignés sur l’international.

OMAR BEN LARBI