La rentrée scolaire 2020-2021, un sujet qui a fait couler tant d’encre et il en fera probablement couler encore pour un moment. Après s’être fait attendre, l’annonce du Ministère tomba enfin le 22 août et eu au moins le mérite de faire l’unanimité contre elle ; avec cette nette impression d’indécision et de dédouanement.
Un double dédouanement de la responsabilité du Ministère de tutelle tant vis-à-vis de la responsabilité parentale en cas de « choix » présentiel, que concernant la gestion de ladite rentrée par les responsables locaux, secteur public et privé confondus.
Nous le savons, l’enseignement est un secteur difficile à gérer ; et une décision de portée nationale sera forcément critiquée quand bien même juste et judicieuse, mais nous le vivons aujourd’hui à la lumière de la majorité des parents d’élèves ayant opté pour le présentiel.
Tendance prévisible, alors qu’il n’y pas pour le moment de second confinement, comment feront nos concitoyens qui se lèvent chaque matin pour participer à l’économie nationale ?
Les décideurs de ce secteur non seulement stratégique, mais crucial pour la construction d’un avenir meilleur, manquent-ils à ce point d’anticipation ? L’annonce initiale dudit ministère n’annonçait-elle pas en grande pompe que priorité sera donnée à l’enseignement à distance ?
Pis, et si nous y ajoutons un peu de scepticisme, l’on peut se demander s’il n’y avait pas volonté de faire porter la responsabilité du présentiel aux tuteurs légaux afin de les en dissuader ; et les pousser vers l’option à distance ?
Hier, dans une émission télévisée, Monsieur le Ministre nous a gratifiés d’un discours aux relents de défense de bilan ; alors que primo l’heure est aux vérités et au réalisme et secundo le bilan ce serait plutôt après acte.
En tout cas, il brilla dans l’art d’éluder des questions fâcheuses posées par les deux journalistes, notamment celles concernant un secteur privé qui de l’aveu même du Ministre de tutelle, n’en a pas réellement (de tutelle)…
Selon Monsieur Amzazi, le ministère intervient « seulement » au niveau pédagogique, le reste dépendant des attributions d’autres ministères (santé et intérieur entre autres) ; tout en ajoutant que la loi devrait être appliquée en cas d’abus et/ou dysfonctionnements.
Soit, mais un parent qui craint pour son enfant une année blanche, qui de votre propre aveu Monsieur le Ministre, serait pire que la pandémie en cours, n’aurait peut-être de recours que de subir des décisions qui peuvent être injustes.
Loin de toute généralisation, en l’absence de chiffres, l’opinion publique n’a aucune visibilité face à l’enracinement des pratiques douteuses dans ce secteur privé souvent pointé du doigt… n’y a-t-il pas lieu de penser à un observatoire national au cas où des parents désespérés et surtout en manque cruel de temps pour (ré)inscrire leurs progénitures peuvent se tourner pour au moins avoir une orientation et un conseil juridique ?
Autre sujet abordé hier soir sur notre petit écran, le secteur public… Après donc les lauriers jetés au sujet de l’engagement de tous les acteurs, notre Ministre annonce que « beaucoup » de parents (combien ??) y seraient revenus tout en souhaitant la bienvenue à celles et ceux qui souhaiteraient passer du privé vers l’école publique.
Un comble ! Nous connaissons tous l’état de saturation de nos classes publiques ; résultats de politiques défaillantes depuis de nombreuses décennies ; même si également sur le sujet il n’existe pas de données officielles communiquées (nombre d’écoles par région, taux de couverture, capacité d’accueil, taux de saturation, etc.).
Il aurait été plus pertinent d’adopter une stratégie nationale, surtout en ces temps inédits de crise, chiffres officiels à l’appui ; justifiant ainsi des choix et des orientations qui même si sujettes à critique gagneraient en pertinence et aurait le mérite de démontrer un semblant d’anticipation.
Pour conclure, il est difficile d’imputer la faillite sectorielle à un seul homme politique, eu égard à des chiffres que l’on ne connaît que trop bien : 32 ministres en 60 ans, 14 chantiers de réformes avec une moyenne d’un par quatre années, dont le dernier en date est celui de la vision stratégique 2015-2030…