Pandémie de coronavirus oblige, la Convention nationale du parti démocrate qui doit consacrer Joe Biden comme candidat du parti pour l’élection présidentielle américaine du 3 novembre, a débuté lundi soir de manière virtuelle, donnant à cette grand-messe un air radicalement non conventionnel.
Les foules des délégués, l’enthousiasme et l’animation propres à ce genre de grands rassemblements ne sont pas au rendez-vous cette année. Mais, dès le début du conclave de quatre jours, qui devait initialement se tenir à Milwaukee dans le Wisconsin, les nombreuses figures du parti, de son aile libérale à l’aile gauche, ainsi que des personnalités du parti républicain opposés à l’actuel locataire de la Maison Blanche, ont donné le ton.
Ils se sont relayés, via des discours vidéo en ligne transmis par les grandes chaînes de télévision, pour saluer Biden et attaquer de front le bilan du président sortant, Donald Trump, et mettre en garde contre sa réélection. « Etre président ne change pas qui vous êtes – cela révèle qui vous êtes. Eh bien, une élection présidentielle peut aussi révéler qui nous sommes », a déclaré l’ancienne première dame Michelle Obama qui a prononcé un discours politique poignant, critiquant la présidence de Trump et exhortant ceux qui ne se sont pas déplacés pour voter en 2016 à faire entendre leur voix lors des prochaines élections.
Donald Trump a un « manque total d’empathie », a-t-elle déploré soutenant qu' »à chaque fois que nous nous tournons vers la Maison Blanche pour une direction, ou du réconfort, ou un semblant de stabilité, ce que nous recevons à la place c’est du chaos, de la division et un manque complet et total d’empathie ».
Le sénateur du Vermont Bernie Sanders, grande figure de l’aile gauche du parti, ainsi que le gouverneur de New York Andrew Cuomo figuraient aussi parmi les têtes d’affiche de la première soirée de la convention marquée également par les interventions d’hommes politiques républicains dont l’ancien gouverneur de l’Ohio, John R. Kasich ainsi qu’un montage vidéo d’électeurs de ce parti rival expliquant pourquoi ils comptent cette fois voter pour Biden.
Dans leurs interventions, ils ont salué les qualités de leader de l’ancien vice-président d’Obama, qui acceptera officiellement la nomination du parti jeudi, et clairement affiché leur appréhension quant à un second mandat de M. Trump. Pour les démocrates, la convention est la tribune idéale à la fois pour convaincre les modérés qui sont mal à l’aise avec le leadership diviseur de M. Trump et dynamiser les libéraux qui ne sont pas enthousiastes à propos de leur propre candidat.
En attendant la convention républicaine dans une semaine, le président Trump ne baisse pas les bras refusant de laisser le champ libre à son adversaire qui a déjà une longueur d’avance dans les sondages. Dans une contre offensive, il a lancé sa campagne lundi à travers deux voyages dans les États clés du Minnesota et du Wisconsin, mettant en avant notamment son programme économique.
Trump a ainsi prononcé trois discours en plein air, avec des airs de rassemblements de campagne mais des foules plus réduite que d’habitude, s’attaquant à Joe Biden décrit comme une «marionnette des extrémistes de gauche» et brossant un tableau sombre des propositions de son adversaire sur l’immigration, les soins de santé et l’économie.
Mardi, il devrait prononcer un discours sur l’immigration et la sécurité dans l’Arizona avant de boucler cette tournée jeudi par une visite dans une usine en Pennsylvanie, près de la ville natale de Biden qui, le même jour, acceptera formellement la nomination démocrate dans son fief à Delaware.