L’élan de conscience déclenché depuis quelque temps au Parlement européen au sujet de la poursuite du détournement de l’aide humanitaire, destinée aux séquestrés des camps de Tindouf, par le polisario et l’Algérie se poursuit et se renforce.
Contrairement aux allégations véhiculées par les détracteurs de cette prise de conscience qui prend de plus en plus d’ampleur au sein de l’hémicycle européen et aux arguments fallacieux avancés par les services de la chancellerie algérienne à Bruxelles qui font croire à des manœuvres orchestrées par des eurodéputés d’extrême droite, «à l’instigation du Maroc», une nouvelle question introduite par l’eurodéputé belge Olivier Chastel est venue confirmer le haut degré de préoccupation des élus européens face à cette situation.
M. Chastel, qui n’est autre que le vice-président de la Commission du Budget au Parlement européen, a souligné que malgré les assurances de la Commission européenne, «il semble que des denrées issues de l’aide humanitaire européenne se retrouvent encore aujourd’hui sur les marchés mauritaniens».
L’eurodéputé rappelle dans sa question à la Commission européenne que l’UE octroie une aide humanitaire annuelle de dix millions d’euros aux populations des camps de Tindouf depuis près de trente ans et qu’un rapport de l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) rendu public en 2015 avait dénoncé les détournements de cette aide humanitaire et recommandé de procéder à un recensement officiel des bénéficiaires.
Par ailleurs, ajoute M. Chastel, en juillet 2015, lors d’une réunion de la Commission du contrôle budgétaire du Parlement européen, le directeur ge ne ral chargé de l’aide humanitaire et de la protection civile (DG ECHO) avait reconnu que l’Algérie imposait une taxe de 5 % sur le montant de l’aide humanitaire.
L’eurodéputé belge, qui est également membre de la Commission du Contrôle budgétaire du Parlement européen et de la délégation chargée des relations avec les pays du Maghreb, interpelle la Commission européenne si elle disposait d’éléments récents concernant ces aides, si elle compte renforcer les mesures prises s’il s’avère que les détournements ont repris et si elle a trouvé une solution quant à la taxe de 5 % imposée par l’Algérie sur le montant de l’aide.
La question du détournement de l’aide humanitaire par le polisario et l’Algérie est revenue au devant de la scène au niveau du Parlement européen après la révélation par des médias et des experts que ce détournement se poursuit à grande échelle malgré les garde-fous mis en place par la Commission européenne.
Ces soupçons de détournements sont d’autant plus vrais que l’Algérie a multiplié ces derniers temps les appels à la générosité des organismes humanitaires dans le contexte de la pandémie du nouveau coronavirus.
Nombreux députés, tous groupes politiques confondus, qui ont évoqué cette question ces derniers mois ont été frappés par la situation paradoxale qui prévaut aussi bien au niveau de l’octroi de cette aide sur la base de chiffres erronés, un recensement n’ayant jamais été réalisé, qu’au niveau de sa gestion.
Le circuit de ce trafic a d’ailleurs été bien tracé par les enquêteurs de l’OLAF.
Il explique dans les détails comment le Croissant-Rouge algérien est le premier acteur de ce détournement de l’aide débarquée d’abord au port d’Oran avant de tomber dans les filets de contrebande polisariens.
Les députés européens se sont également intéressés à la situation extrêmement préoccupante de l’utilisation de ces aides pour lever des fonds servant à l’achat d’armes dans le but de mener des actes terroristes et de banditisme et à des fins d’embrigadement de la jeunesse désœuvrée des camps de Tindouf.
Le député européen Ilhan Kyuchyuk est l’un de ceux qui ont exprimé leur inquiétude face à cette situation, se demandant comment est ce que l’Algérie dispose de moyens pour acheter des armes au polisario et crie au secours pour demander l’aide alimentaire aux séquestrés de Tindouf.
Dans une question adressée récemment au haut représentant de l’UE pour la politique étrangère et la sécurité, Josep Borrell, M. Kyuchyuk affirme qu’il est notoirement connu que le polisario est lourdement armé et dispose d’un budget important pour l’entretien de son équipement militaire et exploite en même temps en permanence la situation humanitaire dans les camps de Tindouf pour demander de l’aide alimentaire.
Après plusieurs interpellations et le déclenchement de mécanismes de suivi au niveau du Parlement européen, dont un projet de résolution déposé le 9 juillet dernier demandant des comptes à l’UE et à l’Algérie, l’Association de Défense du Contribuable Européen (Taxepayer’s Association of Europe) a évoqué une enquête approfondie qui serait menée par les institutions compétentes de l’UE afin de dévoiler le mystère autour de la poursuite de ce trafic à grande échelle. Affaire à suivre…