
L’Arabie saoudite a mené, mardi 30 décembre, une frappe aérienne « limitée » sur le port de Mukalla (capitale de Hadramaout, sud-est du Yémen), ciblant ce qu’elle affirme être une livraison d’armes et de véhicules blindés émiratis au Conseil de transition du Sud (CTS), mouvement séparatiste yéménite jugé pro-émirati.
‼️ 🇦🇪🇸🇦Tensions entre l’Arabie Saudite et EAU
L’Arabie saoudite annonce une opération militaire au Yémen
Riyad a déclaré avoir lancé une opération militaire contre une milice séparatiste au Yémen, accusée d’être soutenue par les Émirats arabes unis. pic.twitter.com/OXuUuhBRrz
— MAB Observer (@MABobserver) December 30, 2025
Après ces frappes, l’Arabie Saoudite a donné un ultimatum de 24 heures aux Emirats Arabes Unis pour quitter le Yémen et mettre fin aux financements et au soutien logistique au Conseil de transition du Sud.
#بيان | إلحاقاً للبيان الصادر عن وزارة الخارجية بتاريخ ٥ / ٧ / ١٤٤٧ هـ الموافق ٢٥ / ١٢ / ٢٠٢٥ م بشأن ما بذلته المملكة من جهود صادقة، بالعمل مع دولة الإمارات العربية المتحدة الشقيقة، لإنهاء ومعالجة الخطوات التصعيدية التي قام بها المجلس الانتقالي الجنوبي في محافظتي حضرموت والمهرة،… pic.twitter.com/cqdCrkzi4b
— وزارة الخارجية 🇸🇦 (@KSAMOFA) December 30, 2025
Une accusation saoudienne étayée officiellement par le Conseil présidentiel de la République du Yémen. Dans un discours télévisé, le président dudit Conseil, Rashad al-Alimi, a annoncé une salve de mesures à l’encontre des EAU: « l’annulation du pacte de défense conjoint avec les Émiratis, « un ultimatum de 24 heures pour le retrait total des forces émiraties du Yémen », outre l’instauration d’un « état d’urgence national pour 90 jours (renouvelable) et d’un blocus aérien, maritime et terrestre de 72 heures ».
Démenti émirati
Dans un communiqué publié ce mardi 30 décembre, le ministère des Affaires étrangères émirati a démenti catégoriquement tout soutien apporté aux forces séparatistes dans le sud du Yémen, affirmant que la cargaison visée par le bombardement saoudien était destinée à leurs propres unités, son arrivée ayant été coordonnée avec Riyad.
Les Émirats affirment que les accusations saoudiennes sont « inexactes » et « ne reflètent pas la réalité » et rappellent que la présence des Émirats au Yémen s’effectue « à l’invitation du gouvernement légitime », dans le cadre de la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite, avec pour objectifs le rétablissement de la légitimité et la lutte contre le terrorisme.
Les EAU souligne le « respect total » de la souveraineté yéménite et la volonté de protéger les civils. Par la même occasion, les EAU ont annoncé le retrait « volontaire » de leurs dernières unités de contre-terrorisme du Yémen, en insistant sur le fait qu’il s’agit d’une décision souveraine et non d’une capitulation à l’ultimatum saoudien.
Les raisons des tensions saoudo-émiraties
« Le conflit au Yémen n’est plus une simple opposition entre les Houthis au Nord et la coalition dirigée par l’Arabie saoudite. Aujourd’hui, une divergence stratégique ouverte oppose deux anciens alliés de la coalition : l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui soutiennent désormais des camps antagonistes dans le Sud », explique un média djiboutien.
Pour comprendre cette escalade, voici un résumé chronologique des étapes clés.
Les racines du conflit (avant 2015) 1990: Unification du Yémen du Nord et du Yémen du Sud sous la présidence d’Ali Abdallah Saleh. Septembre 2014: Les Houthis s’emparent de Sanaa et chassent le gouvernement.
La guerre civile et l’intervention de la coalition (2015-2022) Mars 2015: Lancement de l’opération « Tempête décisive » par une coalition dirigée par l’Arabie saoudite (avec les Émirats arabes unis) pour restaurer le gouvernement reconnu internationalement d’Abdrabbo Mansour Hadi.
2017: Émergence du Conseil de transition du Sud (CTS), mouvement séparatiste sudiste jugé pro-émirati. Il entre rapidement en tension avec les forces pro-gouvernementales soutenues par Riyad. Les divergences entre Saoudiens et Émiratis deviennent visibles sur le terrain.
Le basculement actuel : L’offensive du CTS et la crise (décembre 2025)
Début décembre 2025: Le CTS lance une offensive rapide (à partir du 2 décembre) dans l’est du pays, baptisée « Opération Avenir Prometteur ». Il s’empare sans grande résistance de vastes zones dans Hadramaout (Seiyun, Tarim) puis Al-Mahra (y compris Al-Ghaydah et le port de Nishtun). En quelques jours, le CTS contrôle la majeure partie des six provinces du Sud. Ces avancées unilatérales, non coordonnées avec le gouvernement, provoquent la colère de Riyad.
Fin décembre 2025 : La crise dégénère en affrontement indirect
· 25-27 décembre : L’Arabie saoudite exige le retrait immédiat du CTS de Hadramaout et Al-Mahra. La coalition mène des frappes aériennes contre des positions du CTS dans la région de Wadi Nahb (Hadramaout) le 26 décembre.
· 30 décembre : Escalade majeure. · La coalition saoudienne mène une frappe aérienne « limitée » sur le port de Mukalla (capitale de Hadramaout), ciblant ce qu’elle affirme être une livraison d’armes et de véhicules blindés débarqués de deux navires venus des Émirats.





