
Par: Marco BARATTO *

Ces dernières années, le changement climatique manifeste avec une intensité croissante ses effets dans l’ensemble du bassin méditerranéen, de l’Afrique du Nord à l’Europe. Hivers plus rigoureux et imprévisibles, épisodes météorologiques extrêmes, chutes de neige abondantes dans des zones habituellement tempérées et vagues de froid soudaines constituent des défis communs qui dépassent les frontières géographiques. Dans ce contexte, la prévention, l’anticipation et la coopération deviennent des outils essentiels pour protéger les populations les plus exposées. C’est précisément dans cette logique que s’inscrit la récente décision du Ministère de l’Intérieur marocain de renforcer son plan national d’assistance et de prévention contre les intempéries hivernales, illustrant une fois de plus la capacité de résilience du Royaume face aux crises.
Le 16 décembre 2025, le Ministère de l’Intérieur du Maroc a annoncé le renforcement du dispositif national destiné à faire face aux difficultés liées à la saison hivernale. Cette initiative, fondée sur les Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, vise à garantir une réponse plus efficace, coordonnée et rapide aux conséquences des perturbations météorologiques, qui touchent en particulier les zones montagneuses et rurales du pays. L’objectif principal est de protéger les personnes, de préserver les biens et de réduire l’impact social et économique des événements climatiques extrêmes, dans une approche fondée sur l’anticipation et la solidarité.
Au cœur de ce plan renforcé figure l’activation d’un centre de commandement et de veille au sein du Ministère de l’Intérieur, chargé de suivre en permanence l’évolution des conditions météorologiques et de coordonner les interventions à l’échelle nationale. À cela s’ajoute la mise en place de commissions provinciales de surveillance et de suivi, opérant directement sur le terrain en étroite coordination avec les walis, les gouverneurs et l’ensemble des services publics concernés. Cette organisation permet une meilleure lecture des besoins locaux et une gestion plus rapide et plus efficace des situations d’urgence, renforçant ainsi la capacité de réponse de l’État.
Le plan national se distingue également par l’élargissement de son champ d’action et par la mise à jour continue des données collectées sur le terrain. Vingt-huit préfectures et provinces sont concernées, dont plusieurs comprennent des zones difficilement accessibles en hiver, où les chutes de neige, le froid intense et l’isolement représentent un risque réel pour les communautés locales. Une attention particulière est accordée aux douars et aux populations vulnérables vivant dans des conditions précaires, souvent les premières affectées par les coupures de routes, les difficultés d’approvisionnement et la baisse des températures.
Parmi les mesures prévues figurent le suivi constant des conditions climatiques, l’anticipation des besoins des populations et le prépositionnement de moyens logistiques et de produits de première nécessité à proximité des zones à risque. Le plan garantit également la distribution d’aides directes telles que des denrées alimentaires, des couvertures, des moyens de chauffage et du bois de chauffe, ainsi que le maintien des voies de communication afin d’éviter l’isolement prolongé des régions touchées. Une attention spécifique est également portée aux éleveurs des zones rurales, à travers la fourniture de fourrage pour protéger le bétail, ressource essentielle pour l’économie locale et la subsistance de nombreuses familles.
Le Ministère de l’Intérieur a souligné la mobilisation totale des autorités publiques pour la mise en œuvre de ces mesures, tout en insistant sur l’importance de l’implication active des citoyens. La population est invitée à respecter les consignes officielles, à limiter les déplacements dans les zones à risque et à adopter des comportements responsables afin de réduire les dangers liés aux conditions météorologiques défavorables. Cette collaboration étroite entre institutions et citoyens constitue un pilier fondamental de la résilience marocaine face aux crises.
La stratégie du Maroc s’inscrit ainsi dans une réflexion plus large sur les défis climatiques qui concernent l’ensemble de la région méditerranéenne. En Europe également, les derniers hivers ont été marqués par des épisodes de gel soudain, des chutes de neige exceptionnelles et de fortes perturbations pour les populations rurales et montagneuses. Les expériences du Maroc et des pays européens démontrent que la prévention, la planification et la solidarité sont des instruments indispensables pour faire face à des phénomènes de plus en plus fréquents et intenses.
Dans un monde profondément marqué par le changement climatique, les réponses ne peuvent être isolées. Les défis liés aux intempéries, au froid et aux urgences environnementales doivent être affrontés collectivement, à travers le partage des bonnes pratiques, le renforcement des systèmes de protection civile et une coopération accrue entre les deux rives de la Méditerranée. La capacité de résilience du Maroc, fondée sur l’anticipation, la mobilisation et la solidarité, constitue à cet égard un exemple significatif pour construire une meilleure protection des populations les plus fragiles et renforcer la résilience face aux défis climatiques de demain.
- Essayiste et analyste politique italien





