
Par: Reda JAALI
À l’approche de la Coupe du Monde 2030, le Maroc se prépare à repenser ses infrastructures pour répondre aux exigences d’un événement planétaire. Si l’autoroute A1 et la nationale N1 assurent la liaison entre Rabat-Salé et Kénitra, une voie côtière reliant directement Salé, Plage des Nations, Mehdia et Kénitra représenterait une alternative fluide, panoramique et structurante pour le développement régional.
Une côte urbanisée mais sous-exploitée
Entre Salé et Kénitra, via Sidi Bouknadel, Plage des Nations et Mehdia, s’étend l’un des littoraux les plus prometteurs du nord marocain. Plusieurs projets immobiliers et touristiques y ont déjà vu le jour, anticipant une corniche côtière : à Sidi Bouknadel, la résidence Jawharat Al Bahr a intégré une promenade de 500 mètres ouverte sur l’Atlantique ; à Plage des Nations, le plan d’aménagement prévoit des voies de contournement, des accès à la mer, et des équipements publics.
Malgré ces avancées, aucune route côtière continue n’existe actuellement pour relier Salé à Kénitra en longeant l’océan. La mise en œuvre de cette route est donc plus un retard qu’un projet à inventer : le foncier est en grande partie maîtrisé, les tracés sont anticipés, et les enjeux sont évidents.
Un tracé pragmatique, réaliste et urgent
Le projet proposé consiste à établir une route côtière en trois tronçons, aux configurations adaptées à la densité urbaine et au trafic prévisionnel :
| Tronçon | Configuration proposée | Observations |
| Salé (Bab Lamrissa) → Hay Chemaou → Sidi Bouknadel | 2×3 voies | Corniche déjà existante mais à renforcer. Nécessité d’élargir les voies, sécuriser les falaises, et structurer les accès. |
| Sidi Bouknadel → Plage des Nations → Mehdia | 2×2 voies | Tracé anticipé dans les plans d’aménagement. Terrains en majorité disponibles. Nécessité d’accélérer la réalisation. |
| Mehdia → Kénitra | Maintien en l’état | Connexion urbaine directe. Aucun aménagement supplémentaire requis à court terme. |
Ce projet offre une voie de délestage idéale pour la N1, souvent engorgée malgré ses 2×2 voies entre Salé et Mehdia. Il complète intelligemment le réseau routier existant, sans le concurrencer.
Sécuriser la corniche de Hay Chemaou, un impératif immédiat

Le tronçon entre Bab Lamrissa et Hay Chemaou longe une falaise très fréquentée, surtout en été. Or, cette corniche reste dangereuse, sans garde-fous, mal éclairée, et sans aménagements commerciaux attractifs. Il est urgent d’y :
- Installer des barrières de sécurité le long de la falaise,
- Développer des cafés et restaurants panoramiques pour attirer une clientèle familiale,
- Équiper la corniche en mobilier urbain (bancs, éclairage, espaces verts),
- Créer des parkings pour éviter les arrêts anarchiques en bord de route.
Ce tronçon pourrait devenir un pôle de promenade et de loisirs, à l’instar de la corniche de Rabat ou celle de Casablanca.
Optimiser l’axe port de Salé – Sidi Moussa
Autre point noir à Salé : la section entre le port de pêche et Sidi Moussa, en passant par Sidi Ben Achir. Cette route longe un cimetière mais ne comporte qu’une voie par sens, ce qui crée des bouchons réguliers.

- Il serait possible de tripler la portion qui longe le cimetière : une voie vers Rabat et deux vers Salé, car il y a un long bouchon qui se constitue en après-midi de ceux qui rentrent de Rabat.
- L’élargissement entre le cimetière et le croisement avec la route de Sidi Moussa est techniquement faisable, grâce à la présence de terrains vagues de chaque côté.
- Le croisement avec la route de Sidi Moussa nécessite un aménagement en rond-point ou l’installation d’un feu tricolore, en remplacement du poste de régulation manuel souvent débordé.

Une priorité nationale pour la Coupe du Monde 2030
Ce projet n’est pas un luxe, mais une nécessité stratégique. En 2030, le Maroc accueillera des milliers de visiteurs, et la région de Rabat-Salé-Kénitra est appelée à jouer un rôle central. La route côtière :
- Offrira une expérience touristique panoramique,
- Désengorgera les axes saturés (N1 et A1),
- Renforcera les connexions interurbaines en contournant les zones les plus denses,
- Et participera à la valorisation durable du littoral atlantique.
La route côtière Salé – Mehdia – Kénitra est déjà présente sur les cartes d’aménagement, partiellement réalisée, et pleinement justifiée. Il ne manque plus que la volonté d’accélérer sa concrétisation, avec une vision claire : transformer une côte sous-exploitée en véritable colonne vertébrale urbaine et touristique, à l’horizon 2030 et au-delà.

