Devant le Conseil de sécurité, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déploré mercredi une nouvelle phase d’ingérence étrangère sans précédent dans le conflit armé en Libye, en violation de l’embargo sur les armes imposé par les Nations-Unies.
« Le temps n’est pas de notre côté en Libye. Le conflit est entré dans une nouvelle phase avec une ingérence étrangère atteignant des niveaux sans précédent, notamment avec la livraison d’équipements (militaires) sophistiqués et le nombre de mercenaires impliqués dans les combats », a déclaré M. Guterres par visioconférence lors d’une réunion du Conseil consacrée à la situation dans ce pays.
Le chef de l’ONU a relevé que depuis fin mai dernier, « nous avons assisté au retrait des lignes de front de l’Armée nationale libyenne à Tripoli, à la reprise par le Gouvernement d’union nationale (GNA) de la base aérienne d’Al-Wutiya, Tarhouna et Bani Walid ». « Les unités du GNA, avec un soutien extérieur important, ont poursuivi leur progression vers l’est et se trouvent maintenant à 25 km à l’ouest de Syrte, après deux tentatives précédentes de prendre le contrôle de la ville. La situation en première ligne est restée calme depuis le 10 juin », a-t-il relaté.
« Cependant, nous sommes très préoccupés par la concentration militaire alarmante autour de la ville et par le niveau élevé d’ingérence étrangère directe dans le conflit en violation de l’embargo sur les armes imposé par les Nations-Unies, des résolutions du Conseil de sécurité et des engagements pris par les Etats » à la conférence de Berlin.
Dans ce contexte sombre, a souligné le Secrétaire général, « toutes les opportunités de débloquer l’impasse politique doivent être saisies ».
Des efforts de désescalade, notamment la création d’une éventuelle zone démilitarisée, sont entrepris par la mission onusienne dans le pays, MANUL, pour parvenir à une solution négociée et sauver des vies, a-t-il assuré.
Et d’ajouter que la situation politique dans l’est de la Libye a enregistré certains mouvements indiquant un soutien renouvelé à une solution politique au conflit, comme le montre l’initiative du 23 mai du président de la Chambre des représentants et la Déclaration du Caire du 6 juin. Le GNA a également appelé à des élections nationales comme solution à la crise.
Pour le chef de l’ONU, ces ouvertures restent toutefois « fragiles » étant donné que les positions des parties continuent d’être déterminées par les développements militaires et leurs soutiens extérieurs.
Antonio Guterres a également incité le Conseil de sécurité à accélérer le processus de désignation d’un nouveau Représentant spécial de l’ONU pour la Libye.
« La désignation d’un nouveau Représentant spécial « facilitera grandement » les efforts de la missions onusienne dans le pays, « et je compte sur le Conseil de sécurité pour accélérer le processus », a-t-il conclu.