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Soumaya Abdelaziz a fait vibrer la Maison du Maroc à Paris [Vidéos]

Paris: Zakia Laaroussi

 

La nuit dernière n’était nullement une nuit ordinaire dans la capitale française. Elle était une célébration, un festin de l’esprit et du cœur, un hymne à l’humanité aux couleurs marocaines les plus profondes.

En plein cœur de la Cité internationale universitaire, nichée dans l’écrin chaleureux de la Maison du Maroc, nous n’étions point une diaspora éparse, ni des exilés anonymes. Non. Nous étions un pays tout entier, rassemblé autour de sa culture, de son génie, de ses voix vibrantes et de ses rêves indomptables.

Les lumières s’allument – sans qu’il soit besoin d’user ici de métaphore : elles éclatent avec la puissance de l’évidence.

La Maison du Maroc, ce lieu de mémoire et de transmission, était, en cette soirée exceptionnelle, drapée de sa plus noble splendeur.

Sous la houlette de son nouveau directeur, le professeur Mohamed Taourirt, dont la présence dépasse les simples attributions administratives, cette Maison s’est révélée à nouveau être un foyer ardent de pensée et de création. En lui, point de posture, mais la sincérité tranquille de celui qui porte le souci de la culture avec la gravité des justes. À ses côtés, Mohamed Badich, responsable culturel et homme de substance, qui donne au mot son poids et à l’événement sa portée.

Sous le thème de la littérature africaine francophone, trois intellectuels et hommes de lettres se sont rencontrés. Non pas de simples noms, mais des âmes éclairantes. Le professeur Abderrahman Tenkoul, figure de la pensée critique, est revenu avec brio sur les questions fondamentales d’identité, de langage et de sens. Le romancier Mustapha Kebir Ammi, quant à lui, a tissé le récit comme une passerelle entre les rives, entre les mémoires.

Mais l’instant de grâce, – osons le mot – a été l’entrée en scène de la chanteuse autrice Soumaya Abdelaziz. Avant même que sa voix ne résonne, sa pensée avait déjà investi l’espace. Elle n’était pas seulement cette voix limpide, cristalline, qui emplit la salle tel un carillon céleste. Elle était d’abord et avant tout une femme habitée de savoir, imprégnée de conscience, forte d’un esprit aussi affûté que lumineux.

 

 

Sa parole était poésie pesée, sa langue élégante à l’égal de sa présence. Avant de chanter, elle pensait. Avant de jouer des cordes, elle faisait vibrer nos cœurs par la noblesse de l’intellect. Et lorsque sa voix se déploie dans la salle, un frisson parcourt les âmes.

Comme beaucoup, j’ai senti mes veines palpiter d’une marocanité plus vive que jamais. « Celui qui oublie ses racines perd sa route… »

 

 

Hier soir, c’est la culture qui nous a servi de boussole, nous restituant nos coordonnées premières, nous rappelant, dans un murmure profond : vous venez d’un pays de beauté, de résistance douce, de lettres et de lumière.

Car la Maison du Maroc est bien plus qu’une demeure. Elle est une patrie provisoire parlée dans la langue de l’éternité.

 

 

Cette soirée n’était pas une simple case cochée dans un agenda culturel. Elle était un acte de résistance feutrée, une réplique douce mais ferme à l’exil. Elle était une rectification, une réparation de ce que l’éloignement pourrait altérer. Elle était un hommage vibrant à notre capacité de garder le pays vivant en nos mots, nos goûts, nos âmes – malgré l’éloignement, malgré l’ailleurs.

Saluons donc, avec respect et ferveur, la Maison du Maroc, qui ravive avec panache ce souffle culturel si précieux.
Rendons hommage à son nouveau visage, et tout particulièrement aux professeurs Mohamed Taourirt et Mohamed Badich, grâce auxquels la culture n’est plus seulement possible, mais nécessaire, aimée, et désirable.

Si hier était une nuit de célébration, elle était surtout une invitation à recommencer. À rebâtir les ponts du savoir et de l’art. À faire de la culture, en terre d’exil, la passerelle invisible d’un retour aux racines.

Car, en définitive, celui qui n’a point de culture est semblable à celui qui habite une maison sans porte ni fenêtre.

Et depuis la Maison du Maroc, toutes les fenêtres étaient grandes ouvertes.

 

 

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