Le commerce de gros tient bon malgré tout

Par: Samia Mejrade

Le HCP a mené une enquête de conjoncture auprès des entreprises des secteurs des services marchands non financiers et du commerce de gros, portant sur l’évolution de leur activité au quatrième trimestre 2024 et leurs prévisions pour le premier trimestre 2025.

Secteur des services marchands non financiers: une marge de croissance sous-exploitée

Selon les chefs d’entreprise sondés, le quatrième trimestre 2024 a marqué un recul de l’activité pour 49 % des dirigeants du secteur des services marchands non financiers, contre une progression perçue par 35 % d’entre eux.

Ce clivage reflète la contraction de poids lourds comme les télécommunications, les transports aériens et l’immobilier, atténuée par la vigueur de l’hébergement, des transports terrestres et de l’entreposage. Malgré ces disparités, le secteur affiche un taux d’utilisation des capacités (TUC) de 74 %, révélant une marge de croissance sous-exploitée dans un environnement économique morcelé, tandis que 79 % des patrons jugent leurs carnets de commande « normaux ».

La contraction globale des services marchands non financiers (-49%) s’explique par le poids dominant des branches en crise (télécoms, transport aérien, immobilier), dont le recul impacte massivement le secteur. À l’inverse, la hausse partielle (+35%) reflète la résilience de niches moins structurantes (hébergement, transports terrestres, entreposage), dont la croissance, bien que dynamique, ne suffit pas à compenser le déclin des géants sectoriels. Résultat : un équilibre négatif, marqué par des mutations économiques en cours.

Côté emploi, 59 % des entreprises ont maintenu leurs effectifs, contre 22 % ayant réduit leurs effectifs. Enfin, 76 % des investissements ont été consacrés au renouvellement des équipements et à l’extension d’activité, révélant une stratégie sectorielle axée sur la modernisation plutôt que l’embauche, malgré des tensions persistantes sur la demande.

Commerce de gros: stabilité dominante malgré des niches dynamiques

Le secteur du commerce de gros a affiché une résilience modérée au quatrième trimestre 2024 : 36 % des entreprises ont enregistré une hausse des ventes locales, tandis que 53 % ont signalé une stabilité. Cette tendance est principalement portée par le dynamisme du commerce d’équipements industriels, des produits agricoles bruts et animaux vivants, ainsi que des spécialisés (combustibles, métaux, etc.). Côté emploi, 77 % des grossistes ont maintenu leurs effectifs, reflétant une gestion prudente face à une demande contrastée. Les stocks, jugés «normaux» par 86 % des acteurs, et la stabilité des prix (pour 68 % des entreprises), voire leur baisse (27 %), soulignent un contrôle des tensions inflationnistes, malgré des défis sectoriels persistants.

Pour le premier trimestre 2025, 37 % des dirigeants du secteur anticipent une hausse de l’activité, contre seulement 8 % prévoyant un recul. Cette dynamique contrastée repose sur la vigueur des transports terrestres, de l’entreposage et des services informatiques, compensant les faiblesses des services postaux et de l’ingénierie technique.

La demande devrait rester stable pour 68 % des entreprises, avec 27 % tablant sur une progression. Côté emploi, 48 % des structures maintiennent leurs effectifs, tandis que 31 % envisagent des embauches, notamment dans les secteurs liés à la logistique et au numérique.

Les grossistes marocains abordent 2025 avec prudence : 64 % prévoient une stabilité des ventes, et 28 % une progression, portée par les biens domestiques, les produits alimentaires et les équipements industriels. En revanche, le commerce de produits agricoles bruts et d’animaux vivants devrait marquer le pas.Les carnets de commandes sont jugés « normaux » par 74 % des acteurs, et l’emploi reste stable pour 79 % d’entre eux, confirmant une stratégie sectorielle axée sur la consolidation plutôt que l’expansion, malgré des signaux positifs dans certains segments.