Par: MOHAMMED EL QANDIL *
Je ne conçois l’écriture qu’au féminin. Une écriture, même virile, n’est pas exempte de partage, de générosité, d’affection, de tendance à la perfection.
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L’écriture emprunte à la femme l’allure souple, le cœur vaillant, le mot rare et si crédible.
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Elle écrit pour tout dire, cette femme qui ne sait manier les choses qu’en levant la main d’impatience.
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L’écriture au féminin est instinctive : ce qu’il en ressort, c’est un amoureux – celui d’Emily Brontë – qui crie comme un loup, la nuit durant.
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Elle a écrit pour vivre heureuse. Elle a vécu en écrivant sans cesse sur le bonheur.
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Le motif de toute écriture : Une femme. Ou ce qui lui ressemble au détour d’une vie obscure.
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L’écriture au féminin ne va pas sans plaisir. Un plaisir double. La main qui écrit se caresse le long de la ligne.
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Chaque fois qu’une femme écrit quelque chose bouge, avance, ou se fait rectifier la trame intérieure.
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Les femmes n’acceptent jamais la défaite, même en écrivant.
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Ecriture et enfantement vont de pair.
Celle qui entreprend d’écrire allaite souvent.
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Toute douleur qui ne peut habiter un livre, n’est pas digne d’être vécue, dit une écrivaine en souriant.
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On peut la rencontrer sans conteste, cette femme qui écrit au bord d’un risque, interroge la pudeur d’une voix calme et sereine : la voix de la liberté conquise.
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Je ne serai tienne qu’à condition de m’écrire, susurre une femme à son sosie !
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Est habitable et nourricier cet espace féminisé de l’écriture.
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Virginia Wolf, Emily Brontë, Anna Akhmatova, Marguerite Yourcenar, Fatima Mernissi…le pluriel vous convient, ô femmes qui surent arracher l’estime des déserts ordinaires.
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Elle rêve, charrie, ou sèvre, cette femme qui porte entre les doigts les sept cieux du mot interdit.
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L’écorchée vive. Une femme qui écrit sans raison.
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Je me souviens de toi. Le souvenir, ici, est une forme d’assassinat prémédité. Tu disais vouloir écrire, continuellement, sans arrêt conscient, sans hésitation au bord de la page.
La blancheur immaculée serait ton linceul, toi l’orpheline du temps qui passe et de la famille indifférente. Le mot juste et généreux serait ton compagnon de route.
Rien ne serait l’embûche désirée, la pierre angulaire d’un chemin tracé à l’avance. Seule une bougie diurne, une herbe folle et un ciel bleu, très bleu, témoigneront de ton passage.
Oui, ce passage qui ne s’éteindra pas de sitôt, comme un délit d’amour.
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Elle viole les droits d’accueil, cette écriture féminine qui ne se conçoit qu’en termes de pugilats intransigeants.
*Poète, chercheur en littérature et arts plastiques/ Inspecteur pédagogique