Le Haut Commissariat au Plan (HCP) a dévoilé les résultats de ses enquêtes de conjoncture pour le premier trimestre 2025, dressant un tableau contrasté mais globalement positif de l’évolution de l’activité économique dans les secteurs de l’industrie manufacturière, extractive, énergétique, environnementale et de la construction. Ces enquêtes, menées auprès des chefs d’entreprises, révèlent une légère amélioration de la production au quatrième trimestre 2024 et des anticipations optimistes pour le début de l’année 2025.
Industrie manufacturière : une production en hausse malgré des défis persistants
Au quatrième trimestre 2024, la production industrielle a enregistré une augmentation, portée notamment par les branches de l’industrie automobile, de la métallurgie, de la fabrication de produits minéraux non métalliques et de l’industrie alimentaire. Cependant, certains secteurs ont connu des difficultés, comme la fabrication d’équipements électriques et de textiles, où la production a reculé.
Le taux d’utilisation des capacités de production (TUC) s’est établi à 75 %, un niveau jugé satisfaisant par les chefs d’entreprises. Toutefois, 39 % des industriels ont signalé des difficultés d’approvisionnement en matières premières, en particulier celles d’origine étrangère. Par ailleurs, 20 % des dirigeants ont qualifié leur trésorerie de « difficile », un chiffre qui grimpe à 35 % dans l’industrie chimique.
Pour le premier trimestre 2025, les industriels anticipent une légère hausse de la production, tirée par l’industrie alimentaire, la métallurgie et la fabrication de produits minéraux non métalliques. En revanche, l’industrie automobile et celle du cuir et de la chaussure devraient enregistrer un recul. L’emploi, quant à lui, devrait rester stable.
Secteur extractif : une reprise attendue en 2025
Le secteur extractif a connu une baisse de production au quatrième trimestre 2024, principalement due à une diminution de l’extraction des phosphates. Les prix de vente ont également reculé, tandis que l’emploi a légèrement augmenté.
Cependant, les perspectives pour le premier trimestre 2025 sont plus optimistes : les entreprises prévoient une hausse de la production, notamment grâce à une reprise dans l’extraction des phosphates. L’emploi devrait rester stable, selon les anticipations des chefs d’entreprises.
Énergie et environnement : des trajectoires divergentes
Dans le secteur énergétique, la production a augmenté au quatrième trimestre 2024, portée par la hausse de la production et de la distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné. Les prix de vente ont également progressé, mais l’emploi a diminué. Pour le premier trimestre 2025, les entreprises anticipent une baisse de la production, accompagnée d’une nouvelle contraction des effectifs.
Du côté de l’industrie environnementale, la production est restée stable au quatrième trimestre 2024, notamment en raison d’une stagnation dans les activités de captage, traitement et distribution d’eau. Les carnets de commandes sont jugés normaux, et l’emploi est resté stable. Pour 2025, les entreprises prévoient une poursuite de cette stabilité, tant en termes de production que d’emploi.
Construction : une activité en hausse, mais des défis financiers
Le secteur de la construction a affiché une augmentation de son activité au quatrième trimestre 2024, grâce à la hausse des activités dans la construction de bâtiments, le génie civil et les travaux de construction spécialisés. Le taux d’utilisation des capacités de production (TUC) s’est établi à 65 %, et l’emploi est resté stable.
Cependant, 13 % des entreprises ont rencontré des difficultés d’approvisionnement en matières premières, et 35 % des chefs d’entreprise ont qualifié leur trésorerie de « difficile ». Malgré ces défis, 48 % des entreprises ont réalisé des investissements en 2024, principalement pour remplacer une partie de leur matériel.
Pour le premier trimestre 2025, les anticipations sont positives : une augmentation de l’activité est attendue, portée par la construction de bâtiments et les travaux spécialisés, même si le génie civil pourrait enregistrer un recul. L’emploi devrait légèrement augmenter, selon les prévisions des dirigeants.
Investissements : modernisation et extension des capacités
En 2024, les secteurs industriels et de la construction ont consacré une part importante de leurs dépenses d’investissement au remplacement des équipements et à l’extension de leurs activités. Ces investissements reflètent une volonté de modernisation et d’adaptation aux défis actuels, notamment en matière d’approvisionnement et de trésorerie.
Perspectives encourageantes malgré des défis structurels
Les enquêtes du HCP révèlent une économie en mutation, marquée par des hausses de production dans plusieurs secteurs clés, mais aussi par des défis persistants, notamment en matière d’approvisionnement et de trésorerie. Les anticipations pour 2025 sont globalement optimistes, avec une reprise attendue dans plusieurs branches industrielles et une activité soutenue dans la construction. Cependant, les entreprises devront continuer à s’adapter aux contraintes structurelles pour maintenir cette dynamique positive.
Avec ces données, le Maroc semble bien positionné pour poursuivre sa croissance économique, à condition de relever les défis liés à la gestion des ressources et à la modernisation des infrastructures.