La chaîne qatarie Al Jazeera a dénoncé jeudi la décision de l’Autorité palestinienne de suspendre sa diffusion et ses activités dans les Territoires palestiniens, affirmant qu’il s’agissait d’une « tentative de masquer la réalité » en Cisjordanie occupée.
L’Autorité palestinienne avait annoncé mercredi soir cette mesure, accusant la chaîne d' »incitation à la sédition » et d' »ingérence ».
Selon l’agence de presse officielle Wafa, cette décision implique la suspension de la diffusion et le gel de « toutes les activités de la chaîne Al Jazeera et de son bureau en Palestine », ainsi que l’interruption du travail « de tous les journalistes, employés, équipes et chaînes affiliées » jusqu’à ce que son statut juridique soit modifié.
Elle est justifiée par « l’insistance d’Al Jazeera à diffuser des contenus et reportages caractérisés par de la désinformation, de l’incitation à la sédition et de l’ingérence dans les affaires internes palestiniennes », selon la même source.
Un employé d’Al Jazeera en Cisjordanie occupée a confirmé à l’AFP que le bureau de la chaîne à Ramallah avait été informé mercredi de sa suspension.
La chaîne qatarie a dénoncé jeudi cette suspension, affirmant qu’elle intervenait à un moment « où l’Autorité palestinienne tente de dissuader Al Jazeera de couvrir l’aggravation des événements dans les Territoires palestiniens occupés » et après « une campagne d’intimidation » menée à l’encontre de ses journalistes.
L’Autorité palestinienne, présidée par Mahmoud Abbas, détient une autorité administrative partielle en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967.
Ses forces de sécurité sont impliquées depuis plusieurs semaines dans des affrontements à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, avec des factions armées palestiniennes, qui ont fait une dizaine de morts.
Ces groupes, dont la plupart des membres appartiennent aux mouvements islamistes Hamas et Jihad islamique, se considèrent plus efficaces pour lutter contre Israël que l’Autorité palestinienne.
« Cette décision envoie un message négatif au public et aux journalistes concernant la liberté de la presse, d’autant plus que le travail des médias a considérablement régressé », a estimé Amar Dweik, membre de la Commission palestinienne indépendante pour les droits de l’Homme.
L’Association de la presse étrangère à Jérusalem a exprimé jeudi ses « graves inquiétudes » face à cette mesure qui, selon elle, « soulève de sérieuses questions sur la liberté de la presse et les valeurs démocratiques dans la région ».
L’organisation Reporters sans frontières (RSF) a réclamé jeudi l’annulation de cette décision, qu’elle a qualifiée d' »acte de censure inacceptable ».
Al Jazeera, qui revendique la neutralité de son travail, a affirmé jeudi que cette suspension constituait « une tentative de masquer la réalité sur le terrain dans les territoires occupés, en particulier dans des villes comme Jénine et son camp de réfugiés ».
Le Hamas, grand rival du Fatah de Mahmoud Abbas, a qualifié la suspension d’Al Jazeera d' »acte répressif destiné à faire taire les voix dissonantes ».
« Cette décision s’inscrit dans la lignée d’une récente série de mesures arbitraires prises par l’Autorité pour entraver les droits et libertés publics, et renforcer son emprise sécuritaire sur le peuple palestinien », a ajouté le mouvement, appelant l’Autorité palestinienne à « revenir immédiatement sur sa décision ».
AFP