L’arrêté conjoint des ministres de la Communication et du Budget relativement au soutien public à la presse continue de susciter l’indignation au sein des professionnels des médias. Après l’Union des Petites Entreprises de Presse (UPEP), c’est au tour de l’Association Marocaine des Editrices et Journalistes (AMEJ) de se dresser contre « l’arrêt de mort » signé Mehdi Bensaïd et Fouzi Lekjaa. Communiqué.
« Le Bureau exécutif de l’Association Marocaine des Éditrices et Journalistes s’est réuni, le 29 novembre 2024, à Rabat pour discuter de l’évolution du soutien en faveur du secteur de la presse, de l’édition et de la distribution. Ainsi, après avoir informé les membres de l’association de l’arrêté conjoint du ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, et du ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances chargé du budget n° 2345.24, concernant les plafonds de soutien à la presse, à l’édition et à la distribution, puis l’étude des conditions injustes et non équitables qu’il contient pour les petites entreprises de presse, en échange de la domination absolue des grandes entreprises de presse, l’Association Marocaine des Éditrices et Journalistes annonce son rejet complet et absolu des conditions énoncées dans l’arrêté conjoint, notamment celles qui imposent des conditions impossibles qui ne sont pas incluses dans le décret du 22 décembre 2023 et liées à la nécessité d’ajouter une condition de la somme minimale du coût total de production et du coût des salaires non inférieur à 900 mille dirhams, et que le nombre minimum de transactions ne doit pas être inférieur à 2 millions de dirhams pour les petites entreprises de presse : ce qui rend ces conditions totalement inapplicables pour la plupart des petites entreprises de presse qui souffrent déjà de difficultés pour faire face aux coûts financiers nécessaires pour éviter leur cessation et leur déclaration de faillite
Sachant que les conditions contenues dans l’arrêté conjoint contrastent fortement avec celles stipulées dans le décret susmentionné sur le soutien aux petites entreprises de presse; ce qui confirme une intention claire d’exclure, voire d’exécuter, les petites entreprises de presse.
Ainsi, de notre position de cadre entrepreneurial féminin, nous ne pouvons nous empêcher de nous engager auprès d’autres cadres professionnels pour exprimer notre rejet des conditions stipulées par le nouveau décret.
Face à cette menace déclarée qui nous poursuit en tant que femmes entrepreneures, nous avons le droit de nous interroger sur le sens des slogans que notre gouvernement brandit sur l’autonomisation économique des femmes en les encourageant à investir et à créer des entreprises, dans le but d’établir l’égalité entre les femmes et les hommes, dérivée des exigences constitutionnelles qui accordent une grande importance à l’autonomisation économique des
femmes sur le plan social et politique comme déterminant fondamental pour le renforcement de l’Etat de droit.
En tant que femmes entrepreneures dans le domaine des médias, nous nous sommes lancées dans cette aventure avec nos propres moyens, son seul capital étant l’expérience de ses membres en tant que journalistes professionnelles, qui exercent le métier depuis de nombreuses années et ont accumulé une longue expérience dans le domaine du journalisme et des médias. Aujourd’hui, nous essayons de créer un bloc de femmes professionnelles dans les médias, et nous cherchons à être une force de proposition qui contribue à soulever et à résoudre les problèmes de société en général, et ceux des médias en particulier.
La création de notre association n’avait pas pour objectif de féminiser ou de meubler la scène médiatique, mais plutôt d’y contribuer et de l’influencer de manière sérieuse et responsable, dans le but d’améliorer les médias sur des bases fondées sur le respect des règles et de l’éthique de la profession journalistique.
Cependant, avec les conditions injustes contenues dans le nouveau décret, l’association se retrouve face à un danger imminent qui menace son ambition et nous pousse vers l’inconnu.
Sur la base de ce qui précède, nous appelons les autorités concernées à retirer de toute urgence les conditions impossibles contenues dans la décision commune, à les modifier de manière à les adapter à la réalité des petites entreprises de presse et à garantir leur soutien effectif à la lumière des défis auxquels elles sont confrontées ».
Bureau Exécutif de l’Association Marocaine des Éditrices et des Journalistes
Rabat, le 29 novembre 2024