Le court séjour de Xi Jinping au Maroc (moins de 24 heures) a fait couler beaucoup d’encre. D’aucuns y ont vu le signe d’ »une pluie d’investissements chinois sur le Royaume », d’autres, «un pas vers la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara».
Mais est-ce vraiment là l’enjeu de l’escale casablancaise de XI, champion mondial de la realpolitik et du pragmatisme ?
On en sait un peu plus avec l’agence de presse chinoise, Xinhua, qui a dévoilé la teneur de l’entretien qu’a eu Xi Jinping avec le Prince héritier Moulay El Hassan, au soir du jeudi 21 novembre, à Casablanca. « La Chine est prête à continuer de travailler avec le Maroc pour soutenir leurs intérêts fondamentaux respectifs», a déclaré Xi, cité par l’agence officielle chinoise.
Décryptons: La Chine a autant besoin du Maroc que le Maroc, de la Chine. Sans gloriole, ni fausse modestie, le Maroc, gateway to Africa (futur géant économique), est désormais un acteur clef de la nouvelle carte géopolitique régionale et internationale. Et ce n’est surtout pas le président de l’Empire du Milieu qui dira le contraire.
Chinese President Xi Jinping said on Thursday that China is ready to continue working with Morocco to firmly support each other on issues concerning their respective core interests, and push for greater development of China-Morocco strategic partnership. https://t.co/A41KspL5rG pic.twitter.com/vwwBFSbe3Y
— CCTV+ (@CCTV_Plus) November 22, 2024
Maroc-Chine, mêmes principes, même combat
«Le Royaume du Maroc et la République populaire de Chine ont des positions similaires sur de nombreuses questions», a pour sa part assuré le Prince héritier Moulay El Hassan. « Le Royaume est prêt à travailler avec la Chine pour se soutenir fermement dans la sauvegarde de la souveraineté nationale, de la sécurité et de la stabilité », a souligné le Prince héritier Moulay El Hassan.
Ces déclarations sont, en toute cohérence, le prolongement naturel de la position commune fixée dans le marbre du partenariat stratégique scellé entre le Maroc et la Chine en mai 2016, lors de la visite historique de SM le Roi à Pékin.
Un partenariat stratégique à fortes retombées économiques et politiques. Passons sur le flux continu des investissements chinois vers le Maroc, dont l’illustration la plus récente est la mise en place d’une gigafactory de batteries pour voitures électriques à Kénitra pour un investissement de 14 milliards de dirhams.
Rabat et Pékin ont une parfaite convergence de vues concernant la souveraineté et l’intégrité territoriale des Etats. Le Maroc soutient le principe d’ «une seule Chine », Taïwan y inclus, et la Chine, qui n’a jamais reconnu la pseudo- «rasd», respecte la souveraineté et l’intégrité territoriale du Maroc, « apprécie les efforts du Royaume en vue de la résolution de ce différend, en conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité et se dit prête, en tant que membre permanent, à continuer de jouer un rôle constructif et à œuvrer pour une solution adéquate à ce problème».
Il reste que le dossier vit un momentum et que la Chine, tout comme l’a fait la France il y quelques semaines, doit franchir le pas, quitte à froisser son « allié » algérien.
Entre des intérêts solides et pérennes avec Rabat et des intérêts incertains avec Alger, Pékin ne doit plus avoir l’embarras du choix.