Farce électorale, parodie d’élections, simulacres d’élections… Les journalistes et analystes politiques latino-américains rivalisent de titres pour dénoncer le semblant d' »élections présidentielles » orchestrées en Algérie (7 septembre) et au Venezuela (28 juillet). Après l’article de Ricardo Sánchez Serra, journaliste et politologue péruvien, paru le 9 septembre sur le site de la Fédération des journalistes péruviens, sous le titre « Algérie, la dictature s’éternise », c’est au tour de Rafael Espíndola, journaliste et politologue chilien, de donner la réplique dans un article au vitriol publié le 16 septembre sur le site « El Siete »: « Venezuela et Algérie, où trahison et fraude se côtoient ».
« Les élections vénézuéliennes ont choqué le monde en raison de leur fraude électorale scandaleuse perpétrée le 28 juillet », fait constater M. Espíndola dans cet article où il s’est fait l’écho de la vague de répression orchestrée par le dictateur Nicolás Maduro, accusé d’avoir organisé un « braquage électoral » pour décrocher un troisième mandat contre la volonté de son peuple et de… la communauté internationale.
« Cela a entraîné répression, violation des droits de l’homme, morts, arrestation de plus de 120 mineurs accusés de «terrorisme» pour le simple fait de manifester contre la fraude électorale », dénonce l’expert chilien. « L’Algérie, un allié de Maduro, a également été le théâtre d’un simulacre d’élections présidentielles », fait-il remarquer, fustigeant « une fraude électorale évidente, sans garanties pour les opposants, pire encore, avec répression et sans respect des règles internationales et des lois qui doivent encadrer ce type de processus ».
La suite, tout le monde la connaît: « un résultat électoral qui nous rappelle les élections en Union soviétique et dans l’ancien camp socialiste où ses autorités étaient toujours élues avec un résultat favorable de 90% des voix et nous savons tous comment cela finit à cause de sa décomposition et de sa corruption ».
« Abdelmajid Tebboune, actuel président, est réélu avec près de 95 % des voix. Dans les rapports officiels délivrés par Alger, une participation de 23% des électeurs est reconnue, indiquant clairement que 77% des inscrits ne sont même pas allés voter faute de transparence et de garanties », épingle-t-il.
« Le candidat présidentiel du Front des forces socialistes (FFS), Youcef Aouchiche, tout comme le représentant du parti islamiste, Mouvement pour la société et la paix (MSP), Abdelali Hassani Cherif, non seulement demandent un recomptage des votes, mais qualifient également les résultats de véritable mascarade », signale-t-il.
Qui s’assemble se ressemble
« Ce qu’il s’est passé au Venezuela et en Algérie n’est pas une coïncidence puisque les deux dirigeants partagent le même discrédit au niveau international et ont été accusés d’avoir commis des crimes contre l’humanité et de graves violations des droits de l’homme », pointe M. Espíndola. « Tout comme le Venezuela de Maduro qui parraine et soutient les groupes paramilitaires corrompus pour réprimer l’opposition à Caracas, l’Algérie finance et arme le polisario qui survit sur son territoire grâce à l’aide de son gouvernement, celui-là même qui vient de commettre cette scandaleuse fraude électorale ».
Silence « complice » de la communauté internationale
« Il est très délicat que la communauté internationale n’accorde pas une plus grande importance à des événements aussi graves que ceux-ci, se limitant à des déclarations qui très vite disparaissent avec le vent, devenant ainsi complices des criminels qui habitent les palais gouvernementaux de Caracas et d’Alger », s’étonne l’expert chilien.
« En Algérie, nous sommes confrontés à une junte qui n’a rien à voir avec les principes originels du FLN, où sont réprimés non seulement les opposants, mais aussi ceux qui avec eux et dans le passé disaient partager des idéaux. Pour avoir critiqué leurs dirigeants, des membres fondateurs du FLN ont même été assassinés et d’autres ont passé de longues périodes en prison. Au Venezuela, les plaintes contre la corruption et la fraude perpétrées par Maduro, sont une illustration claire de cette situation ».
« De toute évidence, ce ne sont pas des dirigeants motivés par des idéaux, mais par des intérêts personnels obscurs et bâtards, pour lesquels ils ont pu réprimer et assassiner leur propre peuple, comme le démontrent les rapports des organisations internationales de défense des droits de l’homme », ajoute-t-il.
Face à ces dérives autocratiques, « il est temps que la communauté internationale cesse de se contenter de déclarations et passe à des actions concrètes pour défendre la démocratie et les droits de l’homme. Ne pas le faire, c’est se rendre complice de ces abus, violations et crimes », conclut l’expert chilien.