RN au pouvoir: une aubaine pour le Maroc? (Décryptage)

Par Abdeddine Hamrouch*

 

La France est proche d’un basculement historique lors des élections législatives (30 juin au 7 juillet). Le Rassemblement national, de groupuscule d’extrême droite à premier parti de France, n’a jamais été aussi proche d’exercer le pouvoir. La perspective d’une victoire du RN inquiète et certaines voix, y compris au sein du clan présidentiel, agitent l’épouvantail de « guerre civile ». Le camp Macron se trouve dans une position peu enviable, il peine à dissimuler son embarras sur l’attitude à adopter face au RN et à la France Insoumise (LFI).

Fatigue, colère, tristesse et peur: tel est le quatuor des émotions qui traversent actuellement la France, à la veille d’un scrutin historique et incertain en même temps. La France n’est plus ce qu’elle était. Transformations géopolitiques menaçantes, émergence de puissances régionales et internationales montantes, avènement de puissants blocs transcontinentaux tels les BRICS, ainsi que le conflit russo-ukrainien… Ce sont là autant de facteurs participent du ravalement de la France au sein de son environnement « colonial », voire sur la scène internationale, où la voix de la France n’est plus aussi forte comme elle l’était sur le plan politique, économique et culturel.

Ni fleurs, ni couronnes, la France va mal. Faut-il pour autant attribuer ses maux au seul fait de l’immigration, bouc-émissaire idéal et principal cheval de campagne de l’extrême droite pour conquérir le pouvoir ? Qu’adviendrait-il alors des Marocains de France en cas de victoire du Rassemblement National ? Quelles seront les relations entre le Maroc et la France si, demain, Jordan Bardella, décrocherait les clefs de Matignon, ou peut-être, ceux de l’Elysée, lors de la présidentielle de 2027 ?

En tout état de cause, Jordan Bardella ne serait pas pire que l’actuel locataire de l’Elysée, Emmanuel Macron. Ce dernier a bel et bien donné la preuve de son tropisme algérien, avant de se rendre à l’évidence du leadership incontesté du Maroc. Le Maroc a développé une forte immunité face aux manœuvres de ses opposants. Il ne reculera pas tant qu’il élaborera des politiques économiques stratégiques fortes qui s’étendront au-delà de son Sahara jusqu’aux pays du Sahel et au reste des pays africains, voire au delà du continent de référence.

*Enseignant-chercheur