Séquestration de ressortissants marocains en Thaïlande: ce qu’il s’est réellement passé et ce que fait le département Bourita pour leur libération

L’affaire agite les familles et le Landerneau médiatique national. Pas moins de 14 ressortissants marocains appâtés par de fausses offres d’emploi sont séquestrés à Mae Sot, une ville de l’ouest de la Thaïlande frontalière de Myanmar. Le ministère des Affaires étrangères joue la montre pour libérer les victimes, toujours aux mains de bandes et réseaux criminels.

Mais comment a-t-on pu mordre à l’hameçon et se rendre à Mae Sot, qui est bien autre chose qu’un simple lieu touristique ? Il suffit de taper la « destination » sur les sites spécialisés pour s’apercevoir que cette ville est tristement célèbre pour être un haut lieu de la criminalité, du trafic de drogue et, le cas échéant, du « scamming » (escroquerie cybernétique).

Il faut toutefois s’avouer que le mode opératoire criminel est réglé comme du papier à musique. On fait miroiter aux victimes « de fausses offres d’emploi dans le commerce électronique, avec des propositions professionnelles lucratives comprenant des billets d’avion et des frais d’hébergement », explique au journal Le Collimateur une source au ministère des Affaires étrangères.

Fait curieux, « l’opération de recrutement s’effectue depuis le Maroc par l’intermédiaire de concitoyens servant de relais à d’autres Marocains recrutés au Myanmar. Les personnes recrutées sont en général chargées d’attirer des personnes de leur pays d’origine dans différentes arnaques via de faux profils, parfois sous la forme de prétendus portails d’investissement, de faux sites de jeux de hasard et parfois de menaces d’atteinte à la vie privée », ajoute la même source.

Passée cette période, les recrues empruntent, au fil du risque, un itinéraire bien sinueux et potentiellement dangereux: Maroc-Malaisie (première escale)-Thaïlande-Myanmar (étape finale). Elles sont transférées par vol vers Mae Sot, dont le contrôle, tenez-vous bien !, est assuré par des milices ethniques armées.

Seulement voilà, ce n’est pas de cet œil que cette « activité » est vue par certains ressortissants marocains qui auraient accepté le « deal » moyennant des rémunérations intéressantes et ne se considèrent pas victimes de trafic de personnes. D’autres ont pu quitter les centres en question moyennant une rançon. Des cas de maltraitance voire des menaces de mort ont même été rapportés.

« L’ambassade du Maroc à Bangkok suit cette affaire de près, elle a entreprise des démarches auprès des autorités thaïlandaises et myanmaraises qui se mobilisent pour la libération des Marocains séquestrés au Myanmar », assure notre source.  La tâche n’est pour autant pas de tout repos, d’autant moins que la zone de séquestration, faut-il le rappeler, est sous le contrôle de milices rebelles armées qui profitent de l’instabilité politico-sécuritaire régnant dans cette région pour servir leur sombre agenda.

Mais passons, car l’affaire est en train de prendre de l’ampleur. Des ressortissants d’autres nationalités, notamment africains, sont aussi victimes, a-t-on appris. Le groupe africain à Bangkok et des représentants des organisations internationales, dont l’Organisation internationale de la Migration (OIM), sont déjà à pied d’œuvre en vue de la libération des ressortissants africains victimes de ce trafic humain d’envergure au Myanmar. Une réunion de coordination est d’ailleurs prévue dans les prochains jours pour établir une approche cohérente et inviter le gouvernement thaïlandais à agir dans ce sens.

Pour rappel, l’ambassade de Thaïlande à Rabat a été approchée par les familles des victimes le 2 mai courant, pour obtenir des informations de la situation de leurs proches. Des familles ont également été reçues au ministère des Affaires étrangères à Rabat (direction des Affaires consulaires et sociales) pour s’informer de leur situation.