Par Naamane Ghizlane
Fermons les yeux, détendons-nous, prenons un nouveau souffle 2024, respirons un air positif, pour permettre à notre inconscient de s’exprimer, évacuons nos frustrations, donnons de nouvelles illusions à nos pensées, libérons notre imagination et imaginaire dans une zénitude absolue et rêvons ensemble, volons, volants !
Je quitte ma maison vers mon travail quotidien. En traversant la ville, j’ai dû m’arrêter au premier faux rouge, euh pardon, feu rouge. Lorsque le feu vert s’allume, j’avance calmement.
A mon grand étonnement, personne n’a klaxonné, je ne regarde ni à droite ni à gauche pour traverser, pas de motards à trois, plus un bébé sans casques, qui brûlent le feu rouge en face, ni de voitures, ni de marchands ambulants traînant leurs bêtes indisciplinées, aux traits épuisés par le poids excessifs du contenu de la charge et tyranisées par les cruels coups de bâton infligés par leur maître.
J’arrive au tunnel Zerktouni, c’est le bouchon, je m’arrête pour attendre mon tour pour prendre le tunnel, la file se fait longue derrière moi, personne ne double, ça avance doucement, mais sûrement, les Casablancais font preuve de civisme, pas d’injures ni d’insultes, ni de paroles violentes, chaque voiture attend son tour pour atteindre le tunnel.
En quittant ce dernier, je trace droit devant moi, la route est fluide, comme par magie, pas de trous, ma voiture est saine et sauve, je n’ai pas à changer de pneus chaque trimestre.
Le plus étonnant, c’est qu’avant d’arriver aux dos d’âne déjà bien peints en rouge, des pancartes vous préviennent pour diminuer la vitesse à l’avance.
Quelle bienveillance, on évite déjà le coup de lapin que peut engendrer un frein brusque.
Il fait beau, je descends la fenêtre et sors ma main, aucun mendiant à l’horizon, ni d’adolescents, à vous déchirer le cœur de bon matin, laveurs de vitres qui arrosent celles-ci de force et vous crachent sur le pare-brise, quand vous refusez le service, c’est le kif.
Je prends la route d' »Oulad Ziane » pour rejoindre l’autoroute, je roule tranquillement, lorsque je mets le signal à gauche, on me donne la priorité, personne ne me colle au dos de la voiture, usant d’une série de klaxons et de phares-codes, alors que devant moi un camion qui roule à trente à l’heure, et qu’il me soit impossible de me rabattre immédiatement sur la droite.
Pas de harcèlement, pas de slaloms ni de motards enragés, encore moins de voitures qui roulent sur le couloir de secours, et qui vous envoie un nuage de poussière et de petites pierres sur le pare-brise.
Je quitte l’autoroute, je prends plaisir à mon volant , il fait beau, absence de stress, pas de taxis qui freinent brutalement pour déposer un client au milieu de la chaussée, en prenant son temps à chercher la monnaie, créant un grand embouteillage derrière lui, reste plus qu’à lui servir un café au milieu de la route !
J’arrive à mon bureau, stationne et descends, à peine j’ai posé le bout de mon pied sur le passage piéton que les voituriers, motards et camionneurs aient freiné, je ne me retourne même pas pour les remercier, leur geste est l’évidence même, je me sens en sécurité, tellement que j’ai envie de prolonger ma marche, mais devoir oblige.
Une fois assise à mon bureau, la fenêtre ouverte, la réalité me rattrape soudainement, la cacophonie des klaxons remet « mes » pendules à l’heure, le rêve s’est achevé laissant place hélas, au réveil brutal.
Les conducteurs casablancais de toutes catégories, se transforment en monstres dès qu’ils tiennent un volant entre les mains.
Mais encore, les heures de pointe, ces êtres humains sont dans un état de telle nervosité qu’ils se transforment en fauves prêt à attaquer.
Les pauvres flics attrapent le tournis, tellement que les conducteurs ne font même plus attention à leur présence, ils courent sauvagement dans tous les sens, les flics finissent par abdiquer pendant ces heures où la rage de la circulation est déclenchée.
Personnellement, je suggère de faire des efforts pour apprendre à calmer cette férocité du volant, et de changer nos comportements afin de sauvegarder notre santé, d’éviter les accidents et de faire preuve davantage de civisme et de sérénité en contrôlant nos pulsions lors de nos trajets routiers.
Présidente de l’association « Riad Al Amal »