L’ERE MHIDIA. LE NOUVEAU WALI ET LE CHAOS CASABLANCAIS

Par Naamane Ghizlane*

Bienvenue à notre nouveau Wali de la région du grand Casablanca- Settat, monsieur Mohamed Mhidia, dans les axes de la gestion de l’incontournable Casablanca.

En tant que Casablancaise, je vous souhaite, à Monsieur le Wali, énormément de courage pour braver le chaos, le désordre et l’anarchie subis et causés de part et d’autre par les Casablancais et ses responsables dirigeants.

Casablanca, la ville blanche en espagnol, dérivée du latin, ville antique connue auparavant sous le nom d’Anfa.
De la couleur blanche émane l’innocence et la simplicité, la pureté et la fraîcheur, la paix et la sagesse, mais aussi le blanc symbolise l’absence et le vide, ce qui ne s’applique pas à cette ville bien dense et remplie de divers projets, thèmes et lieux.

Bien entendu, le blanc s’adapte merveilleusement à tous les styles, une nuance qui s’épouse facilement aux autres couleurs, exactement comme cette ville qui absorbe des habitants de toutes les régions non seulement du Maroc, mais du monde entier, Casablanca porte bien son nom, finalement.

Ville la plus peuplée du pays, première métropole, capitale économique et culturelle, ville du commerce, ville du patrimoine, ville portuaire narguant l’Atlantique, ville de l’industrie, une des villes les plus attractives, ville du développement et du déclin à la fois, ville qui sert un panaché architectural à la fois traditionnel et moderne, ville des trésors d’un unique héritage fascinant, un bouquet de nationalités confondues qui œuvrent dans un rituel quotidien tumultueux, mais formant une puissance étonnante d’une particularité assez troublante qui contribue au charme de cette ville.

Mais encore, ville de l’aléatoire, ville des grand discours et des décisions inachevées, ville de l’imparfait, ville où le taux d’analphabétisme est encore élevé. Ville du chaos et du vacarme, ville de la richesse et de la précarité, ville de la violence verbale, ville du choc entre tradition et modernité.

Casablanca, berceau de la résistance face au protectorat, je pense à l’une des premières librairies modernes « Al ikhwane » appartenant à mon feu père Naamane Thami, d’où est parti le mouvement de la résistance armée casablancaise, en compagnie du grand martyre Mohamed Zerktouni, qu’ils reposent en paix.

Sans plonger davantage dans l’histoire de cette ville et son héritage, estimés à plusieurs dynasties, cette ville devenue géante en quelques décennies, avec un cocktail de population urbaine très active et débordante, de l’époque contemporaine. Dotée d’une mentalité assez contradictoire, qui cherche à évoluer et revendique le progrès mais en même temps réfute le changement surtout lorsque ce dernier touche les intérêts et les motivations personnelles de chacun.

Le plus regrettable pour cette merveilleuse ville, comme presque toutes les grandes villes du monde, c’est parfois l’insécurité que nous ressentons, nous les habitants casablancais, qui nous donne l’impression de survivre et non pas d’y vivre, tellement l’insécurité règne dans les coins de ruelles désertes en plein jour, malgré la compétence inéluctable des autorités locales.

Grâce à vous, Monsieur le wali, mon cœur et mon esprit s’enrichissent d’espoir concernant ma ville natale, je ferme les yeux et je me vois déjà assise sous le ciel casablancais dans n’importe quel jardin public, un livre entre les mains, confiante, pas de voleurs qui me guettent, pas de chiens qui me terrorisent, pas d’odeurs de poubelles qui m’asphyxient, pas de taxis qui klaxonnent autour de moi, ni d’automobilistes qui profèrent des injures des plus vulgaires.

Les rayons de soleil me caressent le visage, détendue au summum de la zénitude, je décide de rentrer chez moi, à pieds, sans avoir à slalomer entre la chaussée et les trottoirs pour éviter les charrettes des marchands ambulants, au risque de glisser sur une peau de bananes, tomates ou de pommes de terre.

Ni avoir à éviter les tables de cafés installées sur les trottoirs, avec les yeux guetteurs des clients, lorsqu’ils voient passer une femme, où devoir sauter les cartons des commerçants de vaisselles dépassant les trottoirs jusqu’au presque milieu de la chaussée, ni me faire non plus agresser par des névrosés du volant, dans les passages piétons juste parce que je dois traverser, un droit des plus absolus.

Dans cette belle perspective, en tant que citoyens casablancais, nous nous devons de nous associer au changement, et aux efforts de monsieur le Wali, et au lieu que ce changement soit seulement une affaire d’Etat, faisons en plus que cela devienne une volonté de peuple en parallèle.

*Présidente de l’association Riad Al Amal