Le Maroc et (désormais) la Chine « seuls partenaires extracontinentaux » du parlement centraméricain. L’Espagne s’inquiète, Taïwan s’insurge…

Le 21 août 2023, le Parlement centraméricain (PARLACEN) a fait passer une proposition du groupe parlementaire nicaraguayen éjectant Taiwan de cet organe politique représentant six pays de la région (Panama, Costa Rica, Nicaragua, Honduras, Salvador, République dominicaine) au profit de la Chine. Cette décision a eu l’effet d’un séisme à Taipei qui livrait avec la Chine « une lutte d’influence » dans cet espace latino-américain.

« Mais la Chine n’est pas le seul pays culturellement éloigné à s’intéresser à cet espace politique d’Amérique centrale, le Maroc le fait également depuis un certain temps », note le site espagnol « El Debate ». « Le Maroc a rejoint le Parlement centraméricain en tant qu’observateur permanent le 16 juin 2015, après la signature à Rabat de l’accord d’incorporation par les présidents de la Chambre des représentants et de la Chambre des conseillers », rappelle-t-il.

Et ce n’est pas tout… Mi-février 2022, le Maroc a obtenu le statut de « partenaire avancé » auprès du Parlacen, en reconnaissance du rôle de premier plan joué par le Royaume dans le raffermissement de la coopération Sud-Sud.

« De cette manière, la Chine et le Maroc sont consolidés comme les seuls partenaires extracontinentaux de cet organisme d’intégration régionale, aux côtés de pays plus proches comme le Mexique , le Venezuela et le Commonwealth de Porto Rico », constate « El Debate ». « L’Espagne, pour sa part, ayant un lien naturel avec la région, n’a pas voulu ou pu être admise comme observateur permanent dans cet organisme d’intégration régionale qui, bien que peu fonctionnel, tente de reproduire le travail du Parlement européen et détient la souveraineté populaire des pays d’Amérique centrale, tous hispanophones et ayant plus de liens avec l’Espagne qu’avec le Maroc », croit savoir le portail espagnol.

L’inquiétude espagnole et taïwanaise s’explique par les retombées politiques de la présence du Maroc et de la Chine en tant qu’observateurs permanents auprès du Parlacen, lequel défend l’intégrité territoriale du Maroc et le principe d’une « Chine unie ». « Pour le Maroc, il est probablement utile d’avoir des alliés dans les pays d’Amérique centrale où la gauche hispano-américaine accumule des ressentiments contre l’Espagne à cause de son « passé colonial », explique « El Debate », craignant que l’Amérique centrale n’appuie aussi la souveraineté du Maroc sur ses présides occupés de Sebta et Mélilia.