Capturé par Mokhtar Belmokhtar, ancien militaire algérien converti au terrorisme, le plus ancien otage occidental au Sahel retrouve sa liberté grâce au Maroc (décryptage)

Enlevé le 4 avril 2015 à Tambao, une commune située dans le département de Markoye, dans la province d’Oudalan, région du Sahel, au Burkina Faso, le Roumain Iulian Ghergut est rentré « sain et sauf  » hier mercredi 9 août à Bucarest, a annoncé la ministre roumaine des Affaires étrangères, Luminița-Teodora Odobescu, qui a remercié nommément le Maroc pour son « soutien important ». « Je suis heureuse de vous annoncer qu’après de nombreux efforts, nous avons réussi à ramener à la maison le citoyen roumain du Burkina Faso. Je suis reconnaissante pour tout le travail accompli par la task force inter-institutionnelle roumaine et le soutien de tous nos partenaires, en particulier les autorités marocaines », a en effet déclaré la cheffe de la diplomatie roumaine, dans un message posté sur Twitter.

 

 

Le président roumain, Klaus Iohannis, et son premier ministre, Marcel Ciolacu, ont également remercié les « partenaires extérieurs qui ont soutenu » la Roumanie « dans cette entreprise difficile ».

 

 

La mère de Iulian Ghergut, qui a appris la nouvelle par la télévision, s’est quant à elle déclarée « surprise » auprès de la chaîne roumaine Digi24, décrivant « huit ans sans nouvelles ni aucun espoir de revoir » son fils. « Nous avons pleuré mais tout ce qui compte, c’est d’être heureux qu’il rentre à la maison », a-t-elle ajouté.

La rocambolesque histoire du plus ancien otage occidental au Sahel

La captivité de Iulian Ghergut a tenu l’opinion publique internationale en haleine depuis maintenant huit ans, jour pour jour. Mais rien ne présagerait qu’il allait être libéré et rejoindre son pays. L’enlèvement spectaculaire le 4 avril 2015 de cet ancien Officier de sécurité d’une mine de manganèse dans le nord du Burkina Faso, marque le début de l’activité jihadiste dans ce pays de la sous-région, jusque-là concentrée au Mali, épicentre du terrorisme régional. Elle marque aussi et surtout l’entrée en activité du groupe terroriste « Al Mourabitoune », dont l’émir n’était autre que Mokhtar Belmokhtar, ancien militaire algérien devenu l’un des émirs jihadistes les plus sanguinaires de la région.

Mokhtar Belmokhtar (AQMI), Adnane Abou Walid al-Sahraoui (EIGS)… le terrorisme « made in Algeria »

Jeudi 16 mars 2016, le site Wikileaks a mis en ligne un email confidentiel reçu par l’ex-secrétaire d’Etat US Hillary Clinton qui révèle une entente secrète entre les services du renseignement algérien, et le terroriste algérien Mokhtar Belmokhtar, pour attaquer les intérêts marocains. « Selon des sources ayant accès à la DGSE algérienne, le gouvernement de Bouteflika a conclu une entente très secrète avec Belmokhtar après le kidnapping en avril 2012 du consul algérien à Gao (Mali). En vertu de cet accord, Belmokhtar a concentré ses opérations au Mali et, occasionnellement, avec les encouragements de la DGSE algérienne, attaqué les intérêts marocains au Sahara occidental », est-il écrit dans l’email reçu par Hillary Clinton.

Pour rappel, des armes de fabrication russe avaient été introduites par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans la localité marocaine d’Amgala, et découvertes par l’armée marocaine le 5 janvier 2011. Des armes et des munitions dignes d’un arsenal de guerre ont ainsi été saisies: 16 kalachnovs, 32 chargeurs, 1 lance-roquette (RPG) et 1 mortier !

Et si le Maroc a pu déjouer ces projets d’attentats, d’autres pays n’ont pas réussi à le faire, comme en témoignent les attentats perpétrés en 2016 en Côte d’Ivoire (Grand-Bassam), et bien avant Ouagadougou (Burkina Fasso), ou plus encore l’Hôtel Rhadison à Bamako (Mali).

Mais passons, car un an plus tôt, émerge un groupe terroriste qui surpassera AQMI sur l’échelle de l’horreur. Il s’agit du sinistre « Etat islamique dans le Grand Sahara », dont l’émir, Adnane Abou Walid al-Sahraoui, n’était autre qu’un ancien élément de la milice séparatiste du « polisario ». Il aurait été tué par une frappe d’un drone français le 17 août 2021.

Nous sommes donc face à deux exemples opposés: un Maroc qui bâtit la paix et une Algérie qui « fabrique » des terroristes dans une région considérée comme le « ventre mou » de l’Afrique, en l’occurrence le Sahel.

Et ce n’est surtout pas Bucarest qui dira le contraire.